[view] le EP sorti l'an dernier avait déjà prévenu. MANES n'allait pas faire du surplace, "Vilosophe", loin d'être un aboutissement n'était qu'une étape qui allait conduire l'auditeur qui voudrait bien suivre les norvégiens vers d'autres horizons, d'autres humeurs, d'autres ambiances. Le groupe qui jouait du black metal durant les années 90 n'existe aujourd'hui plus et le MANES d'aujourd'hui n'a d'ailleurs plus qu'un rapport très lointain avec le metal.

En fil rouge subsiste encore de "Vilosophe" les ambiances cosmique ou parfois nostalgiques mais cela est bien tout. Pour le reste MANES s'est lancé dans une exploration musicale digne de RADIOHEAD. Si le très électro "Deeprooted" qui ouvre l'album s'inscrit dans la droite lignée de ce que faisait déjà le groupe sur [view] et donc ne détonne pas trop, dès "Come to pass" le second titre, MANES fout carrément les pieds dans le plat en nous balançant... du rap. La surprise est d'autant plus grande qu'une bonne partie des paroles de ce morceau sont "chantées" en français sans accent, donc sans doute par un rappeur français dont je n'ai pas pu découvrir l'identité. Le résultat est assez convaincant mais nul besoin de dire qu'il faudra avoir un minimum l'esprit ouvert et surtout aimer le rap (ce qui n'est pas du tout mon cas) pour apprécier ce morceau (ce qui n'est donc vous l'aurez compris pas vraiment mon cas...). La suite de l'album est tout aussi aventureuse avec "I watch you fall" qui emmène l'auditeur dans une ambiance plus proche du reggae. La suite de l'album retourne un peu vers un MANES un peu plus conventionnel avec des lignes de chant toujours aussi particulières et reconnaissables entre mille. Cependant d'autres nouvelles influences (indus, jazz, blues, trip-hop...) plus discrètes (que le rap de "Come to pass") viennent insidieusement se mêler à la danse et créer des morceaux riches, parfois austères mais également poignant et emphatiques ("Transmigrant" ou le superbe "Nobody wants the truth"). Au final l'album se laisse assez facilement écouter dès la première écoute mais laisse la fâcheuse impression de n'en avoir rien appréhendé.

Si "Vilosophe" pouvait encore revendiquer une certaine filiation avec une certaine forme de metal avant-gardiste, le MANES de "How the world came to an end" qui, paradoxalement conserve intact l'esprit de MANES ne devrait réussir à vraiment combler que ceux que les explorations très aventureuses dans des domaines situés aux antipodes du metal ne dérangent pas. J'ai pour ma part un peu de mal avec les parties rap ou reggae mais cela n'est qu'une simple question de goût. l'album est quoiqu'il en soit très bon, maîtrisé de bout en bout et surtout très homogène, ce qui n'est pas une mince affaire avec de telles pérégrinations mais demandera de nombreuses écoutes avant d'être vraiment assimilé...




Rédigé par : Sheb | 16/20 | Nb de lectures : 12818