Pour leur troisième album, les Finlandais ont choisi d’adopter une imagerie plus sombre et énigmatique qu’à l’accoutumée, un pari risqué puisqu’on s’attendrait à écouter quelque chose de plus violent que ce que l'on trouve sur le disque. Un piège dans lequel je suis d’ailleurs tombé à pieds joints, pensant me prendre en raison également de la présence de Markus Vanhala (OMNIUM GATHERUM) une grosse dose de thrash typé eighties dans la face, pour me trouver finalement plongé dans un cocon metal prog des plus douillets.

En effet, et vous qui connaissez déjà le groupe et/ou aviez lu la kro du précédent album « Deviation From The Flow » par Karadok le saviez déjà, MALPRACTICE est un groupe de metal prog. On y trouve donc une bonne partie des stéréotypes du genre comme une voix particulièrement chaleureuse et présente, de belles démonstrations de technicité, des solos à rallonge qui vont très vite, des structures de chanson bourrées de cassures de rythmes, bref un bel éventail de musiciens de haut niveau. « Triangular » pourrait alors être un de ses albums purement démonstratif où les morceaux sont mis au service des techniciens, mais ce n’est absolument pas le cas. MALPRACTICE a avant tout composé des morceaux destinés à être écoutés et appréciés par le plus grand nombre. Ici, on parle de Métal avant de parler de Prog, comme peuvent le faire des groupes comme FATES WARNING, DREAM THEATER sur ses albums les moins barrés voire EVERGREY. On retrouve également une touche de MEGADETH, notamment sur « Deception » qui évoque dans ses riffs et dans le final à la « Hangar 18 » le MEGADETH de « Rust In Peace ».

Les férus de passages techniques ne sont pas pour autant oubliés, et un instrumental comme « Triangular » ou le titre final de plus de dix minutes leur laisseront tout loisir de régaler leurs cages à miel avec ses alternances de passages métal et d’accalmies atmosphériques très DREAM THEATER. Et c’est bien là tout le talent des Finlandais, qui sont parvenus à faire un album aussi bien destiné aux fans de prog pur et dur qu’à ceux que les constructions alambiquées et les rythmiques en constante cassures font fuir. Pas de clavier non plus sur ce troisième album, les chansons se suffisent à elles-mêmes, mais des refrains accrocheurs qu’on se met très vite à fredonner voire à chanter à tue-tête, un effet QUEENSRΫCHE ou SHADOW GALLERY très sympathique !

En bonus, une ballade triste à chialer dont ICED EARTH a le secret avec une pointe de BLACKFIELD, un rapprochement encore accentué par le timbre du nouveau chanteur, Alexi Parviainen, qui se rapproche de celui de Matt Barlow en moins grave. Un chanteur qui est pour beaucoup dans la facilité avec laquelle on se laisse convaincre par « Triangular » : chant varié, aussi convaincant dans les passages mélodiques que dans les moments plus agressifs, il est en quelque sorte le mât auquel on peut se raccrocher quand la musique devient trop technique.

Plus métal que RIVERSIDE, moins technique que DREAM THEATER, MALPRACTICE a une belle carte à jouer d’autant que la scène prog est aujourd’hui beaucoup moins cloisonnée et rebute moins qu’il y a une dizaine d’années. Un groupe à découvrir si ce n’est déjà fait !


Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 10654