Après un Carmina Pagana qui m'avait bien enchanté en 2005 dans ces pages que vous parcourez présentement de vos yeux fatigués, Malnatt m'avait bien déçu. Outre son titre ridicule faisant rêver à un retour sur les écrans de la bande à Fonzie, Happy Days ne mettait pas du tout en valeur la créativité des Transalpins, laissant libre cours à un black'n'roll fort redondant. Heureusement que ce mauvais pas ne m'a pas empêché de jeter une oreille à la nouvelle offrande des Ritals. Car La Voce dei Morti redresse fort bien la barre.

Toujours barré dans son concept articulé autour d'un ordre mystique inspiré des Templiers, le sextet retrouve ses crocs et son black'n'roll bien groovy pour proposer trois quarts d'heure et neuf compos qui tiennent bien la route. L'éclat de Loits qui occultait complètement le précédent album est désormais écarté, car Malnatt retrouve sa voie propre en agrémentant sa musique de parties atmosphériques originales, principalement menées par un discret clavier. L'ensemble tourne bien rond, même si je regrette un léger manque d'agressivité pour parfaire un album qui s'avère assez ronronnant dans ses thèmes. Heureusement que les changements sont suffisamment osés pour retenir l'attention.

Traitons en aparté le morceau d'ouverture "Fantasimi" qui met totalement dans le bain de l'album avec son final porté par des voix éthérées. Je voudrais bien voir la tronche des auditeurs les plus sectaires quand va débarquer la trompette. Effet garanti, et franchement bien amené. Le mélange incongru fonctionne, comme sur le second album Carmina Pagana, les pistons imprimant une gravité à la mélodie qui évoquera maintenant la puissance des cuivres des derniers efforts de Satyricon (même si Satyr se contente de les utiliser comme artifice de studio en soutien). Si le groupe utilise encore ses cuivres plus loin, c'est cette introduction osée qui marque les esprits et qui me confirme que ces Italiens aiment autant la fantaisie que le laissent penser leurs titres.

Malnatt n'en reste pas là et ajoute des artifices à ses titres en italien, autant dans les instruments que les voix (les incantations de "Penombre" en sont un bon exemple). La voix du mort s'élève et de sa voix rauque elle vous demande de vous foutre à poil et de danser sous la Lune. Ben, je dis qu'il faut avant tout savoir respecter la mémoire des ancêtres. J'accroche beaucoup et rien que pour "Fantasimi", cet album vaut le coup d'oreille.


Rédigé par : Prince de Lu | 15,5/20 | Nb de lectures : 10818