"Pfiou!" Voilà le seul mot qui est sorti de ma bouche à la fin de l'écoute des 13 titres que nous proposent les grenoblois de MALMONDE. Parce qu'après une démo et un premier album éponyme très bien accueillis par la critique, "Eva" était attendu pour voir si le groupe enfoncerait définitivement le clou. Et là, rien à dire, le coup de marteau final a été donné... Et comment!
Construit sur une base plus brutale que par le passé, le désormais cyber-power-death des français ne fait pas de quartier: rythmiques rouleau-compresseur, éléments électro/techno intelligents, riffs dévastateurs et chant surpuissant s'assemblent pour aboutir à une orgie sonore maîtrisée qui s'approche de plus en plus des grands de la scène metal européenne.

Plutôt que de nous faire une redite de "Malmonde", le groupe ose, tente et insère dans ses compos des éléments jusqu'alors jamais utilisés. Il en ressort un style bien plus fouillé, plus travaillé voir même parfois plus technique que par le passé. Première évolution notable, les guitares se sont parées d'influences encore plus thrash/death donnant à l'ensemble une puissance de feu jouissive ("Behind Me", "Just a Whisper", "Here They Come" ou le très SAMAELien "No Trespassing"). Ensuite, le chant a fait d'énormes progrès: mêlant vocaux violents et parties plus lyriques, Ludovic n'a pas à rougir devant Speed de SOILWORK ou Burton C. Bell de FEAR FACTORY ("My Way", "Nowhere", "There is Nothing"). Le tout avec une alternance chant français/anglais originale et qui finalement fonctionne à merveille: le chant français ne choque pas et passe tout seul, démontrant qu'un groupe peut chanter en français sans perdre en crédibilité!
Au rayon nouveautés, on trouve aussi l'apparition d'un chant féminin angélique ("Nowhere" et "La Ronde"), pur moment de douceur au milieu de ces assauts répétés, ainsi que deux interludes instrumentaux introductifs très orientés cyber bruitiste ("Eva", "Nobody Can Go Back"). Ainsi, plutôt que de s'enfermer dans un style massif et uniforme, MALMONDE joue tout au long de l'album sur des nuances inter ou intra titres pour éviter de nous lasser. Et ce travail de nuances se clôt par "There Is Nothing", titre emprunt de désespoir et de mélancolie, comme FEAR FACTORY a su si bien le faire par le passé où le groupe abandonne toute brutalité pour se mettre uniquement au service de la mélodie et de l'émotion. Sublime et étonnant.
Pour servir l'ensemble de la plus belle des manières, "Eva" bénéficie de plus d'une production énorme typée "à la suédoise", froide et clinique, qui colle parfaitement aux ambiances et autres arrangements cyber/indus ainsi qu'à cette batterie millimétrée, à la rigidité mécanique toujours aussi puissante.

Avec "Eva", MALMONDE frappe fort et devient par la même mon groupe français espoir pour l'année à venir. Un an après KEVORKIA, il semble que les pochettes blanches ornées de filles aux chevelures de feu portent bonheur aux groupes de la scène hexagonale!!! Et quand on entend ce genre de productions, on a envie de se dire qu'une seule chose: pourvu que ça dure!


Rédigé par : Foofur | 17/20 | Nb de lectures : 14699