Jeune formation suédoise fraichement signée sur le label Inner Wound Recordings, MALISON ROGUE sort aujourd’hui de l’ombre avec un premier album éponyme fleurant bon le heavy metal des années 1980. Si l’on peut sans nul doute établir un parallèle, évident, entre ce groupe et les autres valeurs montantes du heavy suédois (ENFORCER et STEELWING en tête), force est de constater que MALISON ROGUE se distingue par un côté progressif beaucoup plus prononcé par rapport à ses petits camarades de la « New Wave Of Swedish Heavy Metal », comme on se plait désormais à l’appeler. Alors qu’un combo comme ENFORCER voue un culte sans limites à IRON MAIDEN (celui des débuts, le meilleur diront certains…), ce nouveau-venu est quant à lui plutôt resté bloqué sur l’œuvre de QUEENSRYCHE et de FATES WARNING. Avouez qu’il y a pire comme références !

La production, signée Mats Levén (YNGWIE MALMSTEEN, THERION), est d’un très bon niveau. Elle confère à ce premier opus une bonne dose de professionnalisme qui fait souvent défaut aux débutants. Et même si l’album ne dure que 39 minutes (pour huit titres), force est de reconnaitre que les Suédois sont allés à l’essentiel et nous ont ainsi épargné des bavardages inutiles. Sans véritable baisse de régime, MALISON ROGUE alterne avec brio les morceaux mid tempo (l’excellent « The Griever ») et les titres plus enlevés (« We’re All Born Sinners », imparable). Le quatuor allie complexité et simplicité mélodique pour le meilleur et rarement pour le pire. La prise de risque est minimale, les influences sont très clairement perceptibles, mais la qualité est incontestable.

Le premier morceau, « Friend Or Foe ? », tout simplement magistral, parvient à restituer l’intensité dramatique du QUEENSRYCHE de la grande époque. Autre moment de bravoure, « The Pain You Cause » semble tout droit sorti d’Operation : Mindcrime ; bien meilleur en tout cas que la pâle suite proposée par le groupe de Geoff Tate il y a quelques années ! Les structures alambiquées, nombreuses, sont également là pour rappeler l’héritage des mésestimés mais pourtant référentiels FATES WARNING. Impossible, enfin, de ne pas penser à IRON MAIDEN à l’écoute de la performance vocale du chanteur Zeb, qui, malgré quelques difficultés sur la ballade « My Mistakes », semble promis à un grand avenir. Evoluant dans les mêmes tonalités qu’un certain Bruce Dickinson, le jeune homme livre une prestation pleine de fougue et d’envie sur les compositions qu’il a lui-même écrit avec son compère Bjoerkborg (guitare).
Si tout n’est pas parfait, loin s’en faut, on apprécie cependant la fraicheur du propos, le vent de jeunesse qui plane sur cet album et nous ramène tout droit au milieu des années 1980, époque dorée du heavy metal progressif américain. Bien évidemment, la musique de MALISON ROGUE peut paraitre naïve à certains égards, mais doit-on rappeler qu’il s’agit là d’un premier album ? Et pour tout vous dire, des débuts discographiques comme celui-ci, on n’en entend que trop rarement de nos jours. Ecoutez-donc un morceau comme « This Lonely Road » (et son refrain qui cartonne) pour vous convaincre que l’on a d’ores et déjà affaire à un client plus que sérieux, dont on n’a pas fini d’entendre parler. Le salut du heavy metal viendra-t-il de Suède dans les prochaines années? Cela se pourrait bien…



Rédigé par : up the irons | 15/20 | Nb de lectures : 12637