Attention vétérans !!! C’est un peu de cette façon qu’on pourrait résumer la carrière de MALEVOLENT CREATION qui, après 20 années de bons et loyaux services nous revient avec « Doomsday X » leur dixième album. A ce niveau-là, on ne parle plus de longévité mais d’entêtement car le cheminement du groupe ne s’est pas fait dans grabuge et les changements de personnels ont été tellement nombreux qu’on s’attendait presque à voir apparaître sur leur site officiel la photo du zicos du mois qui serait invariablement viré au bout de trois répets. A ce niveau-là MALEVOLENT CREATION n’était plus un groupe mais un véritable soap brésilien. Bon gré, mal gré les « malveillants » était toujours en place même si le line-up d’origine avait fini par se résumer à un unique rescapé, le guitariste Phil Fasciana qui s’obstinait à recruter du personnel pour nous prodiguer des albums parfois excellents sans jamais réellement supplanter le premier album, l’énorme « The Ten Commandments ».

Et puis magie du dixième album à l’horizon, voilà que les anciens membres rappliquaient au bercail et reprenaient du service ; le guitariste John Rubin, le bassiste Jason Blachowicz et bien entendu l’infatigable Brett Hoffmann. Tout cela nous ramenait à un batteur près au line-up de « Stillborn », le troisième et sans aucun doute le plus mauvais album de MALEVOLENT à ce jour. Une tournée européenne plus tard et même si les retrouvailles avaient un certain charme, ce retour de l’équipe B n’était pas de si bon augure pour la galette qui allait en découler.

Tout du moins c’était le cas jusqu’à ce concert d’anthologie lors du Party San 2007, où MALEVOLENT avait tout simplement foutu tout le monde sur le cul en assurant un show monstrueusement puissant. Difficile de dire si un plaisantin avait planqué le Viagra de Brett Hoffmann pour le foutre dans une rogne pareille ou si le vétéran chanteur avait changé de régime alimentaire mais toujours est-il que de mémoire de métalleux, on ne l’avait jamais vu dans une telle fureur. Et c’est finalement avec un certain intérêt que «Doomsday X » allait être attendu, tout du moins par ceux qui avaient assisté au prodigieux concert (dont votre serviteur).

Voilà donc « Doomsday X », le dixième, l’énervé dernier chapitre en date de l’épopée death metal de MALEVOLENT CREATION. 12 titres taillés dans le roc de leur Floride d’adoption. Une cinquantaine de minutes au service d’un death old school survitaminé pour ce retour en force. Pourtant « Doomsday X » peine à décrocher la timbale. Les premiers titres s’enchaînent avec une efficacité, une puissance de feu et des accélérations qui font chaud au cœur mais l’ensemble a du mal décoller. C’est à se demander si MALEVOLENT ne se contente pas d’un minimum syndical malgré l’apparition de Mick Thompson le temps d’un solo sur « Deliver my Enemy ». C’est finalement vers « Dawn of Defeat » le sixième titre à l’intro majestueuse, que les vieux démons se réveillent, qui s’emballent pour ne plus laisser passer la moindre baisse de régime. MALEVOLENT CREATION tabasse plus vigoureusement que jamais et la performance de David Curloss (ex-GORGASM, ex-INCANTATION) aux baguettes est tout simplement spectaculaire. Et « Doomsday X » s’achève dans l’ébullition d’un colossal « Bio-terror » accueillant Kyle Symons (chanteur sur les deux derniers albums studio) pour quelques backing vocals virils à souhait.

Avec ce dixième chapitre à sa carrière, MALEVOLENT CREATION n’apporte toujours rien de neuf au death metal, pas la moindre once d’originalité et pourtant un disque comme « Doomsday X » pourrait sans problème damer le pion à bien des jeunes loups aussi carnassiers soient-ils. Face à un épilogue pareil, on se dit que les aventures de MALEVOLENT sont loin d’être terminées. Reste à savoir combien de temps ils arriveront à tenir ensemble sans se sauter à la gueule. Les vieux ont encore du tempérament. Pourvu que ça dure.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 13040