MALEVOLENTIA - République (Epictural) - 15/06/2016 @ 07h15
Pour commencer, il va falloir que je cesse de confondre MALEVOLENTIA et MALEFICENTIA. En plus d’un nom qui commence et qui finit sensiblement de la même façon, ce sont deux formations toutes deux françaises et pratiquant le même style, à savoir un Black Sympho plutôt old-school. MALEVOLENTIA qui nous intéresse aujourd’hui est plus jeune, vient d’un département bien moins peuplé que l’Ile-de-France (le Territoire de Belfort), et n’hésite pas à partir dans des concepts bien établis. S’étant inspiré de poèmes pour Contes Et Nouvelles Macabres (2005), le groupe a décidé après le plus classique Ex Oblivion (2011) de marier références à l’Etat français et emprunts à George Orwell, « 1984 » bien évidemment et pour être précis. Le blason qui orne la pochette réussie et largement évocatrice du concept de République comprend ainsi la célèbre mention « La guerre c’est la paix - La liberté c’est l’esclavage - L’ignorance c’est la force ». Un ensemble qui de prime abord tranche radicalement avec l’esprit de Ex Oblivion mais MALEVOLENTIA ne va pas changer son fusil d’épaule par rapport à ses précédents efforts, se plaçant toujours sous le joug d’un Black Sympho « du siècle dernier » que le groupe revendique plus simplement comme du « Orchestral Extreme Metal », épique et niché dans le Black/Death.

MALEVOLENTIA continue donc d’évoluer dans un Black Sympho relativement cru et très nineties basé sur des éléments simples, entre riffs tour à tour tranchants et mélodiques, voix criarde en français (avec ici une damoiselle, Spleen), blasts et claviers virevoltants. Le CRADLE OF FILTH période The Principle Of Evil Made Flesh peut être évoqué, dans une version tout de même plus orchestrale (des chœurs lyriques font souvent leur apparition), ainsi que plus près de chez nous le ANOREXIA NERVOSA de Drudenhaus en particulier. Autant dire que République n’est pas un album franchement « atmo » et révèle un dynamisme insoupçonné, baignant dans une vitesse d’exécution diablement élevée la plupart du temps. Passée l’intro "Protogonos", "Annuit Coeptis" tape donc d’entrée de jeu. Ce troisième album de MALEVOLENTIA est donc assez frénétique à l’image de ce que le groupe a fait de plus agressif par le passé. Des compositions comme "Magnus Frater Spectrat Te", le mystique "Qohelet" ou encore "Doxa" sont donc là pour montrer que le groupe belfortain en a sous la semelle, et par ailleurs les blasts se multiplient ("Requiem Aeternam Deo", "Ordo Ab Chao", "Nocte & Nebula"). Niveau Black-Metal, MALEVOLENTIA se distingue donc par son efficacité ainsi que son urgence et son agressivité « à l’ancienne » qui fait mouche. Et même si en 57 minutes République peut avoir tendance à s’essouffler, il fait montre d’une certaine intensité et d’une inspiration que l’on avait plus vue depuis un certain temps dans un disque assimilé au Black Sympho.

Et qui dit Black Sympho dit Sympho et de ce côté MALEVOLENTIA a également des choses à dire. Si les 57 minutes de République peuvent paraître linéaires à première vue, quelques pièces se dégagent de l’ensemble notamment dès que l’aspect orchestral se veut très chiadé. C’est notamment le cas de l’excellent "Etemenanki", probablement la meilleure pièce de l’album avec de superbes chœurs. D’autres morceaux comme "Requiem Aeternam Deo", le très mélodique "Alma Mater" ou encore le bien épique "Ordo Ab Chao" se distinguent grâce à des envolées symphoniques assez majestueuses. De toute façon, MALEVOLENTIA est constamment capable d’aérer avec classe son Metal extrême frénétique à l’aide de simples breaks ou d’interludes (citons à ce titre l’original "Virtù & Fortuna"), témoignant de sa maîtrise du genre qu’il pratique depuis plus de 10 ans maintenant. Mais si "Nocte & Nebula" se termine en beauté avec un sample de la Marseillaise (ça tombe bien pour l’Euro), c’est pourtant une des seules marques de singularité de République qui reste tout de même très voire trop ancré dans les carcans du Black sympho/orchestral. Cet album manque donc parfois de plus d’originalité voire de prises de risques, mais la forme est au rendez-vous et quoi qu’il en soit, République fera toujours son office en tant qu’album de Black sympho nineties bien extrême dans son exécution.

Dommage aussi que les guitares soient parfois un peu trop sous-mixées, alors que la partition des guitaristes est globalement de grande qualité, citons à ce titre "Völuspá" avec ses riffs incisifs et ses beaux leads, morceau où Spleen est au meilleur de sa forme vocale également. République se termine par le plus raffiné et mélancolique "Eschatos" où MALEVOLENTIA s’est également lâché au niveau des différents vocaux. Le groupe de Belfort continue donc avec classe et application son petit bonhomme de chemin dans le monde du Black Sympho ou plus simplement du Metal extrême dans un versant orchestral revendiqué. Ni plus ni moins bon que ses prédécesseurs, République ne révolutionne rien, ni l’art de MALEVOLENTIA ni le genre dans lequel il s’inscrit. Cet album pêche donc parfois par classicisme voire manque de variété et d’originalité, voire de perspective d’évolution pour le groupe, mais n’en est pas moins réussi, que ce soit pour ses textes et références travaillées ou pour son côté purement Metal qui arrache quand même bien façon années 90, ce qui est toujours plaisant, surtout quand la composante symphonique sous-jacente fait admirablement le boulot. Un album sans surprise mais qui montre que comme pour le mélodeath, c’est souvent le style d’il y a deux décennies qui fonctionne toujours le mieux. Un bon et bel album de Black sympho « old-school », qui entérine le fait que MALEVOLENTIA peut aisément faire partie des références françaises en ce domaine, aux côtés de… MALEFICENTIA.




Rédigé par : ZeSnake | 15/20 | Nb de lectures : 8595




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Commentaire
krif krof
IP:85.115.60.180
Invité
Posté le: 15/06/2016 à 09h14 - (120413)
Le morceau final "Eschatos" est excellent.

mydrin
Membre enregistré
Posté le: 15/06/2016 à 12h22 - (120417)
album reçu la semaine dernière, très bonne impression à la 1ère écoute, un groupe à soutenir



ecrasatator
IP:193.251.45.191
Invité
Posté le: 15/06/2016 à 13h43 - (120420)
une reussite...

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