Cinq ans se seront finalement écoulés entre la sortie d’« Under The Banner Of Suffering » et celle de « Revelation From The Ancestral Whisper », cinq années qui auront vu cesser la collaboration entre MALEFICENTIA et Melancholia Records (ORAKLE, UNHOLY MATRIMONY), qui auront vu également le départ d’un guitariste et d’un bassiste, amenant Daevhorn à cumuler les postes de chanteur et guitariste. Plus récemment, c’est au tour du clavier, Arpad, de quitter le groupe qui est donc à la recherche de son remplaçant. Comme souvent dans ce cas, la question qu’on se pose est « Tous ces chamboulements ont-ils eu un impact sur les compos des Franciliens » ? Eh bien oui et non…

Oui, parce que ce troisième album est particulièrement sauvage, avec une large prédominance de blasts dans un registre très proche de ce que proposait DAWN avec son magistral « Slaughtersun ». On sent comme une envie d’en découdre qui était beaucoup moins palpable sur « Under The Banner » qui ne m’avait, à l’époque, pas marqué, une énergie mise au service de la noirceur des compos qui peut en partie provenir de ces bouleversements de personnel et des diverses difficultés qu’a dû surmonter le groupe. A noter que les blasts dont je parle ne sont pour le coup pas les rafales de DCA d’un Emil Dragutinovic (THE LEGION, ex-MARDUK) ou d’un Nick Barker (ex-COF, ex-DIMMU BORGIR, LOCK UP), mais plutôt un tempo très rapide à la limite des blasts tels que nous les connaissons actuellement qui renforce la violence et la tension des compos. Bien plus efficace, pour l’utilisation qui en est faite, que des frappes à Mach3 dont on finit par ne plus entendre qu’un coup sur deux.
Et non, parce que finalement, MALEFICENTIA n’a pas fondamentalement changé et qu’il faut prendre en compte ces cinq ans qui séparent les deux albums, pendant lesquels les musiciens ont forcément progressé, mûri, se sont aguerris en somme. Il faut donc peut-être plus voir la brutalité de « Revelation… » comme une évolution naturelle du groupe vers une musique plus maîtrisée, une question à laquelle nous aurons certainement une réponse dans l’interview en cours de réalisation.

Mais le plus important là-dedans, ce ne sont finalement pas les raisons qui ont amené MALEFICENTIA à pondre un album aussi remonté, mais tout simplement la musique en elle-même, un black sympho toujours très influencé par DISSECTION et, dans une certaine mesure, par LIMBONIC ART pour cette approche froide et un peu « Jo la bricolle » des claviers. N’y voyez aucun sarcasme, LIMBONIC ART est autant réputé pour son talent à poser des ambiances que pour son goût pour les prods assez brutes et c’est cette approche assez fruste du son de claviers qu’on retrouve chez MALEFICENTIA. Ce qui, associé au son plus gros du reste des instruments concourt à faire sonner « Revelation From The Ancestral Whisper » de manière particulière, à la fois « chaude » par ses mélodies de guitares à la DISSECTION et ses plans de batterie où la double est en bonne place, et plus froide avec ces claviers lugubres qui posent une ambiance crépusculaire sur l’album, sans être grandiloquente.

Il faut également souligner le travail effectué par Daevhorn, dont le chant est cette fois irréprochable tant dans le registre black que dans celui, peut-être moins casse-gueule, death metal. Ses vocaux black sont ainsi haineux à souhait, très aigus mais jamais ridicules comme cela peut-être le cas quand les chanteurs en font trop. Idem pour les growls, graves et profonds, dont l’association avec le chant black est une totale réussite. Il n’y a pour autant pas de modifications flagrantes dans sa manière de chanter, ceux qui connaissent bien MALEFICENTIA reconnaîtront bien leur Daevhorn, nous parlons ici d’une amélioration technique qui par voie de conséquence se répercute sur la qualité perçue de « Revelation… », une qualité perçue qui ne fait, en ce qui me concerne, que s’améliorer au fil des écoutes et de la digestion des longs morceaux.

En conclusion, si vous étiez fans de MALEFICENTIA ruez-vous sur ce nouvel album, si vous ne l’étiez pas ruez-vous dessus aussi, les bons albums ne courent pas tant les rues et quand ils proviennent de groupes qui se sont démerdés de A à Z, il faut encore plus les soutenir. Oubliez les a priori que vous aviez éventuellement, les Franciliens ont fait du beau boulot et on peut légitimement espérer qu’un label s’intéressera bientôt à eux !


Rédigé par : Dungorpat | 16/20 | Nb de lectures : 11868