Il faut bien se rendre à l'évidence, loin de se tarir, l'insondable vivier de la scène suédoise continue de nous prodiguer régulièrement et inlassablement de nouveaux contingents de groupes purs et durs bouillonnant de cette impatience de mesurer leurs riffs aux oreilles toujours plus exigeantes de l'ébouriffé moyen.

MAIM ne failli pas à la régle en nous offrant l'obole d'un second enregistrement s'inscrivant directement dans la lignée « From the womb to the tomb... » sorti courant 2009 chez Soulseller. Au programme, du bon gros death métal old school de derrière les fagots ; le genre de galette à faire frémir de nostalgie mon vieux squelette arthritique de quadra.

Difficile de croire que ce quatuor fraichement sevré arrive à saisir la fibre, la hargne et l'impulsivité des la fin des années 80 pour les restituer aujourd'hui avec une sincérité plus que convaincante. Contrairement à la tendance actuelle qui voit un retour en force d'un death métal calibré sur la vieille scène de Stockholm, MAIM lorgne un peu dans tous les coins à la fois pour puiser l'inspiration.

Bien évidemment on retrouve quelques gimmicks propres aux vénérables ancêtres suédois mais les loupiots trainent également leurs riffs vers d'autres influences tout aussi passéistes ; à commencer par une belle louchée de death US bien crasseux propre aux premiers albums d'AUTOPSY ou DEATH. La liste des mentors ne s'arrêtant pas là, on pourra également citer au registre de « Deceased to exist » certaines affinités avec le NAPALM DEATH d' « Harmony Corruption » et encore avec HELLHAMMER. J'en veux pour preuve, le break jouissif de « Deceased to exist » (le titre) ou le pachydermique et minimaliste « Morbid Desecration » agrémenté d'une paire de « hough ! » plus vrais que nature (les initiés comprendront).

Taillé dans de gros riffs simples qui hameçonnent l'oreille et doté d'un chanteur qui growl comme un Massey Ferguson sans pot d'échappement, le style de MAIM ne cherche pas à se cantonner dans un rabâchage sénile ou dans le fanband niais. Le groupe fait l'effort de varier les plaisirs jusqu'à flâner sur les accords écrasants d'un pur doom instrumental de jolie facture ("Crematory").

Histoire de rester dans l'esprit death métal roulé à l'ancienne, « Deceased to exist » affiche la production qui colle au propos. Une belle mise en avant des guitares, rythmiques claires et un effet de réverb purement sépulcral sur le chant façon partie de cache cache dans les catacombes.

On pourra reprocher à MAIM ne pas faire avancer le schmilblick d'un poil et de piller joyeusement les tombes encore fumantes de ses glorieux ainés mais il serait aussi injuste de ne pas saluer à juste titre le petit « brin de fraicheur » que les Suédois nous assènent avec un dépoussiérage dans les règles par un melting pot de old school restitué avec une ferveur de dévots.

Si je devais néanmoins émettre un léger bémol sur la globalité du disque, il concernerait une petite tendance à la redite avec des riffs qui ont parfois des airs de famille un peu trop prononcés. J'en ai pour preuve la regrettable gémellité entre les riffs finaux de « Morbid desecration » et l'intro de « Covet Death », le titre suivant, qui me donnent à penser à chaque écoute que mon lecteur s'est bloqué sur un mode repeat. Omis ces quelques petits manques de variations de riffs, les amateurs de old school passeront sans doute un agréable moment. Les autres, impudents infidèles, réprimeront un bâillement blasphématoire.

A noté l'artwork de l'album signé Erik Danielsson (oui oui le chanteur emblématique de WATAIN).



Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 12385