Mon Dieu qu'il est difficile de ne pas commencer une chronique d'un album de Magnum par une vanne pourrie. Toujours est-il que le chroniqueur mature que je suis résistera au petit démon sur son épaule (chut!) et attaquera sans perdre de temps l'examen de ce 13ème opus de nos rockers anglais.
Alors, à quoi s'attendre avec ce nouvel album? Mais, c'est élémentaire mon cher Higgins! (mince, j'y étais presque...) A du Hard Rock ultra mélodique riche en synthé (c'est particulièrement vrai pour le titre en écoute «When We Were Younger») et, surtout, ultra bien branlé. Que l'on apprécie ou non le Hard Rock mélodique, force est de reconnaître que Magnum en connaît un rayon dans son domaine et que ces braves rockers savent ce que composer veut dire. C'est vraiment l'élément qui ressort le plus à l'écoute de cet album, ce songwriting de malade, cette maturité incontestable, cette classe, ce savoir-faire inhérent aux groupes qui sont arrivés à un stade de leur carrière où ils ne peuvent plus réellement sortir de mauvais albums.
On notera la jolie cover réalisée par le dessinateur Rodney Matthews, déjà auteur de celle de leur classique «On A Storyteller's Night» mais on signalera surtout que ce «Princess Alice And The Broken Arrow», est un skeud extrêmement soft, même pour du Magnum. On navigue plus souvent sur un flot rock progressif typé années 70 que dans une tempête Hard. C'est donc un album qui s'adresse à un public ouvert, à un public qui ne jure pas uniquement par le Hard (ne parlons même pas de Metal) et qui est capable d'apprécier un bon album de rock lorsque celui-ci est de qualité (ce qui est bien évidemment le cas ici). Rares sont les passages sur lesquels la bande à Tony Clarkin (tête pensante et guitariste du groupe) s'enlise dans une mièvrerie niaise («Like Brothers We Stand» et ses choeurs simplistes), la plupart du temps Magnum arrive, grâce notamment au chant absolument somptueux de Bob Catley, à nous faire avaler sans sourciller les ballades les plus sirupeuses possibles («Inside Your Head») et loin de nous refiler la nausée, on aurait même tendance à en redemander. Lorsque le groupe durcit le ton en faisant passer les riffs de guitare devant le clavier (voir le fabuleux «Out Of The Shadows»), là encore, la magie opère et on se laisse happer sans retenue aucune dans cet univers très riche, très travaillé et dans lequel rien n'est laissé au hasard.
Comme le souligne le descriptif promotionnel, cet album nous propose un véritable voyage en invitant les auditeurs à réver et à apprécier cette musique “with all their senses”. Je ne sais pas si cet album ravira vos «cinq sens» (celle-là, ils l'ont quand même bien cherché...) mais ce que je sais, c'est que mes oreilles ont apprécié.


Rédigé par : BigHenry | 15/20 | Nb de lectures : 11944