On a dit des FLOWER KINGS et de SPOCK’S BEARD qu’ils étaient les dignes héritiers des YES et GENESIS. C’est véridique même si leur aura et leur carrière n’atteindront jamais les sommets de leurs illustres devanciers. Et comme tout leader qui se respecte, 30 ans plus tard, ces deux formations contemporaines semblent marquer le pas, s’essouffler quelque peu au point que certains y voient déjà le signe d’un déclin annoncé. Surtout en ce qui concerne SPOCK’S. Et bien oui, ça arrive à tous, même aux meilleurs. Attention cependant à ne pas les enterrer trop tôt. Alors, qu’est-ce qu’on fait ? On s’assoit par terre, on se met à chialer en maudissant le temps qui passe et qui ne respecte rien ni personne ? Oui, on peut ! Ou bien, on glisse dans le lecteur la galette de ces Norvégiens iconoclastes et un peu fous et on se dit que tout n’est pas perdu, la relève est bien là. Bon, je mets les précautions d’usage, MAGIC PIE n’a pas découvert le Graal. Et leurs influences aussi criardes peuvent agacer l’auditeur moyen. Mais, nantie d’une jeunesse qui autorise tous les culots, ces 6 là, nous offrent quelque chose de véritablement gonflé au sens strict du terme. Gonflé parce que, les voir bousculer les désormais « vieux » avec tant de joyeuse insolence, mérite toute notre attention et notre admiration. D’autant qu’ils y mettent les formes au moyen d’une maîtrise parfaite et que le fond, lui aussi et avant tout, n’est pas dénué d’arguments. Un solide socle 70’ mais réactualisé et moderne, entendez par là un cocktail Purple/Spock’s/Flower, du hard prog, du folk, de l’acoustique, voilà un programme haut en couleurs. Le titre d’ouverture, Change, une superbe suite de 20 minutes, (en download intégrale sur leur site, profitez-en !) est à elle seule un bon panorama de ce que sait faire le groupe; fouillée comme on les aime, complexe juste ce qu’il faut, technique mais raisonnablement, variée sans trop de dispersion hétéroclite. Le guitariste est époustouflant, les divers claviers vintages offrent une panoplie sonore très complète, le duo de chanteurs est exceptionnel et nous gratifient de chœurs et de canons superbes dont Spock’s Beard mais surtout Gentle Giant avant les autres s’étaient fait une spécialité. Tous les autres titres sont au diapason de ce morceau de bravoure. Inspirés, emprunts d’un allant dynamique, d’une fraîcheur, d’une énergie et d’une virtuosité dans la course qui donnent un sacré coup de pied au cul à des formations pourtant rompues à ce genre d’exercice. Vous en voulez encore ? Une auto prod à faire grincer les dents de tous les pseudo techniciens de studio, une galette remplie jusqu'à la gueule, une pochette loupée et déjà culte, un nom qui fleure bon l’époque du Peace & Love. Ben voilà ! C’est- y pas ça qu’on appelle un bon disque?


Rédigé par : Karadok | 17/20 | Nb de lectures : 12244