C’est avec mes plus beaux oripeaux de guerrier celte que je m’apprêtais à accueillir ce troisième album de Mael Mordha. Surtout que le combo de « Gaelic Doom Metal » donne pour nom à leur nouvelle bataille celui du dieu celte des océans. Ce n’est pas la peine que je vous fasse danser autour du chaudron d’abondance pendant des heures histoire d’invoquer Cernunnos car ce n’est pas encore cette fois que nous bouterons l’envahisseur anglais hors de la verte Irlande. J’ai remisé bien gentiment mon accoutrement de barbare au placard et repris une activité moins belliqueuse.

Ce n’est pas que l’album soit mauvais, non loin de là, mais je fus quelque peu désarçonné par l’approche de nos Irlandais sur ce troisième opus. Jusque-là, nos Celtes s’ébrouaient dans un Doom/Folk assez singulier et personnel et je ne sais ce qui leur a pris d’accélérer le tempo sur leur dernière livraison. Bon, ils ne se sont pas complètement reniés puisqu’ils égrènent avec parcimonie quelques miettes de lourdeur fleurant le gros accord plaqué certifié 70’s que n’auraient pas renié le Black Sab’ de l’époque. Sinon, le rythme a gagné en vitesse et si on ajoute la volonté de jongler entre lignes dansantes et élans mélancoliques, on se retrouve avec un Primordial bis.

Cela en est même carrément gênant à l’écoute de la galette. Tout y est, des vocaux lyriques aux crescendo poignants censés nous arracher une larme en passant par les trémolos païens. Bonjour la gageure d’aller chasser sur le terrain des maîtres et le constat ne tarde pas à se faire sentir. D’abord, tout le monde ne peut avoir le charisme ni le talent d’Alan Averill et de ce fait le chanteur a tendance parfois à dérailler tel un pilier de pub. De même, c’est sympathique de vouloir nous faire ressentir le souffle épique et mélancolique de ces anciennes légendes malheureusement nos Celtes n’ont pas encore le génie de Primordial pour nous retourner l’estomac ou faire frémir nos petits poils si fort que l’on se sente obligé de partir les couilles à l’air sur le champ de bataille. J’exagère un peu car ils réussissent suffisamment à faire mouche pour que l’ensemble tienne l’auditeur en haleine et notamment le final de la galette qui nous laisse sur une bonne impression. Mais il est difficile de passer outre le sentiment d’entendre un Primordial à l’aspartame.

Ils se sauvent grâce à une utilisation plus importante de parties folkloriques agrémentées de chorales masculines, de passages acoustiques et surtout d’une flûte irlandaise qui s’avère un véritable atout au sein leur musique. Il n’y a pas besoin de s’enfoncer une Gae Bolga dans le fondement pour se rendre compte que l’ambiance est bien présente et surtout elle est juste et authentique. La prod sans fard aide, il est vrai, à rendre cette évocation irlandaise rustre. Ca sent bon la terre de nos ancêtres.

Vraiment dommage que ce combo devienne un clone de Primordial car il est très difficile ne serait-ce qu’égaler la musique qu’Alan et sa bande a mis tant d’années à peaufiner. On a le droit à une copie sympathique mais une copie quand même et il s’agit du genre de scories excusables chez un jeune groupe dont c’est le premier album et beaucoup moins chez des personnes qui possèdent un passé riche. Certes, il est toujours bon de faire évoluer son style mais pas au point de perdre à ce point sa personnalité.

Maintenant, cela reste tout à fait agréable et ça plane bien au-dessus de la masse du Folk Metal à deux balles !! J’espère juste qu’il s’agit d’un album de transition…


Rédigé par : Dark Rabbit | 12,5/20 | Nb de lectures : 12740