Kénavo les bouseux! C'est sur cette tirade du film "Le Créateur" que j'entame sur les chapeaux de roue cette chronique. Mais halte, ne chaussez pas vos bottes en caoutchouc tout de suite. Nous ne partons pas en Bretagne. Enfilez plutôt vos cirés jaunes et bonnets rouges, car nous allons voguer vers la lointaine Irlande pour rencontrer Mael Mórdha. De Mael je n'en connais qu'un, et il n'a jamais mordu. J'ai donc cru avoir affaire à un groupe de folk métal celtisant soufflant dans le biniou, cruelle méprise.

Comble de la surprise, l'Eire de Mael Mórdha se rapproche plus de l'Angleterre que de Primordial. Cette décoction irlandaise de neuf ans d'âge nous sert une rasade de doom à l'ancienne, lent et mélancolique, comme on su en pondre les groupes-phare des bassins industriels anglais. A cela, elle ajoute une bonne rasade de toucher plus heavy, plus dynamique et léger. Mais elle avale aussi une belle lampée de constructions rythmiques variées et bien foutues par le claviériste/chanteur/leader du groupe. Mael Mórdha titube de table en table, distillant ses interventions avec intelligence, sans jamais s'éloigner d'une mélancolie familière : l'influence de My Dying Bride est plus que palpable. Mais Mael Mórdha ne se limite pas à ça.

Certes, le chant clair de Rob est plaintif. Certes des passages sont lents, parfois très lents. Mais d'autres sont très toniques, en restant toujours mélodiques. Les sept titres de l'opus évoluent sur des durées de cinq à dix minutes, avec de grosses variations de tempo. La part belle est faite au récit, appuyé de riffs massifs. Mais les riffs thrash sur fond de double ont un effet dévastateur après les longues minutes de posage d'ambiance les précédant. Les deux titres "A Window of Madness" et "Curse of the Bard" font même office de pivot furieux de cet album, avant un retour à la lourdeur. Ces changements de riffs sont bien pensés (miam, la seconde partie de "Atlas of Sorrow") et maintiennent l'attention de l'auditeur de bout en bout.

Cela faisait un moment que je n'avais pas écouté de formation de ce style. La mode étant plutôt à l'ultra-lourd, voire aux fréquences infra-basses, "Gealtacht Mael Mórdha" pourra sonner un peu daté pour des amateurs de vibrations modernes. Les Irlandais parviennent toutefois à rendre une copie de qualité. Avec sa production puissante et claire, cet opus ravive les souvenirs d'une époque pas si lointaine, où le headbang était lent sur les mesures de "Like Gods of the Sun". Efficace et bien foutu.

Sortie officielle: 19 mars 2007
Peut-être des extraits après la sortie...


Rédigé par : Prince de Lu | 15,5/20 | Nb de lectures : 11965