L'avenir de l'industrie du disque semble aussi viable qu'un fast-food dans les montagnes du Pakistan.
Il faut une certaine dose d'audace, ou d'inconscience, pour lancer sur le marché des albums à la teneur approximative. Enfin ici il s'agit d'un EP. Vous ne pensiez tout de même pas qu'avec le soin apporté à leurs compos, les Norvégiens de MADDER MORTEM allaient vous pondre un nouvel album moins d'un an après le précédent?
Approximatif disais-je, à moins d'être un collectionneur acharné ou un amateur de beaux objets un peu creux. Bien sûr le principe du EP c'est d'offrir une petite friandise pour faire patienter les fans, pourtant ce « When dream and day collide » a toutes les caractéristiques d'un Mon chéri© dépourvu de cerise confite ou de liqueur. Le problème se situe de toute évidence au niveau du contenu : on retrouve avec plaisir l'excellent titre de l'album « Eight ways » dans sa version d'origine, puis dans une version abrégée de deux minutes pour coller avec la durée du videoclip, ainsi que trois titres inédits. On pourra toujours arguer que les trois inédits sont d'excellente facture, loin d'éventuelles B-sides tombées en disgrâce pendant la session d'enregistrement, mais c'est bien de l'opportunité de les commercialiser sous cette forme dont je doute fortement.

Entendons-nous bien, « Eight ways » est un album d'exception, défendu en ces pages par la jolie chronique de Matthieu que vous retrouverez grâce au lien à droite de votre écran. D'ailleurs la musique du groupe y est si bien défendue que je ne pourrais guère surenchérir sans tomber dans la paraphrase. Ajoutons néanmoins, à la lumière de ces trois nouveaux morceaux, que la grande force du groupe c'est définitivement de s'affranchir de la lourdeur des codes musicaux en vigueur. Une grande liberté d'esprit donc, assortie d'une sincère humilité. Les musiciens s'inclinent devant leur propre création et mettent tout en œuvre pour lui offrir le meilleur espace d'expression. Sans contraintes, sans pudeur. Une charge mesmérienne pour reprendre le bel argument de nos confrères de Terrorizer.
Sauf que, le temps de lancer le disque, de s'installer confortablement, ouvrir une bonne bière et regarder la mousse se lover amoureusement dans une chopine... le EP est terminé. Frustrant. La créature de rêve qui vous allume un brasier dans les tréfonds du bas-ventre puis allume soudain la télé pour mater une série.

Enfin, le disque contient également le videoclip du titre « When dream et day collide », ce qui est un puissant argument promotionnel si on considère le fait que ledit clip est disponible partout sur le net depuis belle lurette. La video propose toutefois un superbe film d'animation à la tonalité lyrique qui colle à merveille au titre illustré. On y comprend notamment le fonctionnement de l'étrange appareillage Steampunk qui apparaît sur les pochettes de l'album et du EP. Ah si seulement tous les clips metal pouvaient prétendre à ce niveau d'exigence...


Rédigé par : #Guillaume# | 6,5/10 | Nb de lectures : 13200