Avant d’entrer dans le vif du sujet je me permets de citer un grand homme (par la taille) : « "Aucune objectivité"... je sais, j'assume pleinement! Pire - je revendique ce manque total d'objectivité! Haaaa... cette belle objectivité que brandissent langues blettes à tout bout de chroniques pour masquer leur manque total de ferveur et de passion qu'ils éprouvent à l'égard de la musique qu'ils aiment (?). Un kronikeur objectif, lassé, dégrisé, blasé et résigné par la musique? Plutôt crever! Autopsier la musique comme un vulgaire cadavre froid? On est sur VS, pas aux PFG! » (Cobra Commander)

Voilà, moi, tout comme mon estimé confrère, j’ai aussi mes chouchous, mes p’tits favoris assis au premier rang avec un beau sourire ultrabrite qui ont déposé une pomme bien rouge et juteuse sur le coin de mon bureau. MADBALL en fait partie. En conséquence c’est du 18/20 d’office.
Pas facile du coup de parler de cet « Empire » mais allons directement à l’essentiel : MADBALL fait du MADBALL et le fait plutôt bien. 3 ans après un très bon « Infiltrate The Systrem », « Empire » enfonce le clou et suit la même voie que le groupe trace depuis plus de 20 ans maintenant. Selon les dires du sieur Cricien, « Empire » est là pour remettre les pendules à l’heure et le bougre y arrive plutôt bien car cet album fait partie des bonnes cuvées new-yorkaise. Même si, comme sur tout bon album de la Balle Folle qui se respecte, on trouve toujours l’un ou l’autre titre de remplissage. Cette fois, ce statut peu envieux revient à «Danger Zone » vite écouté, vite oublié, le combo « Hurt You » et « Dark Horse » qui ne sert à rien. Sorti de ces titres moins intéressants, le reste oscille entre le bottage de culs et le lattage de tibia au brass knuckle. Voilà pour les seuls petits reproches que j’aurais à faire à cet album.

« Et la prod ? » me susurre le petit diablotin perché sur mon épaule droite. J’y viens, j'y viens à la prod signée Erik Rutan, roi du brutal death et autoproclamé fan du groupe. Info qui a étonné pas mal de monde dans le hood. Un chevelu à la prod d’un album de NYHC ? What’s the fuck ? Le groupe n’a jamais eu besoin de bâtir des murs de guitares pour être efficace et a toujours misé sur son sens du groove, Rutan pouvait donc amener un peu d’épaisseur et gommer ce côté un peu cheap du son de MADBALL. Ben il n’en est rien et je dois avouer ne pas être plus emballé que ça par la prod qui pousse la voix et la guitare bien en avant, reléguant parfois la batterie bien loin dans le mix. Maintenant ça reste grosso modo une prod « à la MADBALL » mais je préfère le son de « Infiltrate The System » et la production de Zeuss que celle de Rutan que je trouve plus « aiguë » et un chouia moins percutante.

Malgré ce (tout) petit bémol, MADBALL démontre un sens du groove presque martiniquais. Si t’écoutes « Empire » sans avoir envie de danser et de balancer les bras partout autour de toi c’est que t’es un petit peu mort à l’intérieur et c’est bien triste. Dès « Invigorate », la vibe emporte tout sur son passage et on reconnaît la MADBALL’s touch au bout de deux secondes d’écoute. Les riffs glissants qui donnent envie de faire la teuf et casser des têtes en même temps, la section rythmique old school qui tient la baraque et enfin la voix de Freddy. LA voix hardcore par excellence. Freddy qui s’est d’ailleurs bonifié avec le temps. Sa voix un peu cassée d’adolescent énervé a fait place à une voix plus nette, plus ronde et plus efficace. Le rhum sans doute. C’est sur cette trame de groove moelleux, d’arrogance latino, d’invitation à la baston et de sourire moqueur que se construit le MADBALL 2010. Passons maintenant aux petits plus produit qui font d’"Empire" un des essentiels hardcore de cette année.

D’abord on a le featuring de Roger Miret, demi-frère de sang mais vrai frère hardcore de Cricien, qui vient poser sa voix de crapaud bodybuildé sur un « Shatterproof » ravageur. Si si la famille frère! Ensuite on a les titres chantés en espagnol, en hommage aux racines cubano-colombienne de Freddy. Chaque fois qu’ils s’essaient aux morceaux en espagnol, je suis conquis. C’est encore une fois le cas ici, « Con Fuerza » et « Spider’s Web » font office de moments forts d'un album qui n'en est pas avare. Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours trouvé que l’espagnol était une langue qui seyait bien à ce type de phrasé et de musique et au hardcore en général. C’est une langue qui glisse bien et qui colle parfaitement au timbre de Cricien. Tout ça c’est bien beau mais la véritable arme absolue de ce nouvel album ce sont les tubes. Et y’en a un petit pacson. « All For Nothing » et son refrain tellement assassin qu’on a déjà envie de reprendre en live, empilé autour du micro, en sueur, à brailler comme un dératé. Viennent aussi un « R.A.H.C » vengeur, un « Empire » à la vibe carrément nineties, « Shatterproof » avec la voix de Rog’, un « Con Fuerza » tranchant comme un rasoir, « The End » avec ses chœurs de gros costauds et enfin peut-être le plus gros potentiel tubesque de toute la carrière du groupe « Rebel4Life18 » qui, malgré son titre bien foireux, possède un charme inexplicable et se classe à part du reste de l’album de par son ambiance, son chant plus mélodique et ses lyrics très personnelles. Ce titre fout les poils et termine l’album sur un coup de maître. Bien ouej !

En gros MADBALL fait du bon MADBALL. Le version 2010 n’a rien à envier à la version nineties du groupe. Du gros NYHC qui latte bien, donne envie de bouger, file la patate et fait ressortir le marcel immaculé quitte à se geler les miches en plein hiver. Un signe qui ne trompe pas donc et qui confirme qu'en terme de New York Hard Core MADBALL reste au top du hiphop.

PS: Bon, j'avoue, il est quand même un peu en dessous des derniers Terror et SOIA mais merde c'est MADBALL, je peux pas lutter!!


Rédigé par : Seb On Fire | Trve Madball/20 | Nb de lectures : 13876