Machine Head est revenu en force avec la sortie de « The Blackening » en 2007, son « Master of Puppets » comme l’a défini Robert Flynn à l’époque. Cet album, tant plébiscité qu’il fut nommé « album de la décennie » par le magazine britannique Metal Hammer, a donné une seconde (voire troisième) jeunesse aux mecs d’Oakland. A tel point qu’ils n’ont pas arrêté d’enchaîner les tournées avec de grands noms internationaux, à l’image de Slipknot, Lamb of God ou Metallica entre autres. Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin, on attendait donc le retour de la formation et c’est désormais chose faite avec la sortie prévue le 27 septembre prochain de « Unto The Locust », septième opus du combo.

Bon nombre de fans ont critiqué (en bien et en mal) la pochette de Paul Gerard, qui représente une grosse sauterelle verte dégueulasse, mais aussi le premier morceau proposé en avant-première, « Locust ». Il est certain que l’orientation musicale du groupe sera la première grande interrogation pour ce méfait et il va de soi que Machine Head a tout intérêt à ne pas recopier l’illustre « The Blackening », tant son impact fut important, pour pouvoir aller de l’avant. Mais il est également important de ne pas s’adonner à un metal sans cœur et trippes, ce dont « Unto the Locust » ne manque sûrement pas.

Le titre d’ouverture, « This is The Hell », a la lourde tâche de succéder à « Imperium » sur (“Through the Ashes of Empires”, 2004) et « Clenching The Fist of Dissent » (« The Blackening », 2007) avec le line-up que nous connaissons actuellement. L’intro et ses chœurs en latin laissent place aux grosses guitares qui se déchaînent rapidement pour laisser place à un riff digne de Slayer. C’est également du côté des influences que l’on pourra se rappeler d’Iron Maiden ou Metallica en tant que principales sources d’inspirations (dont le groupe ne s’est jamais caché) pour « Unto the Locust ».

Côté ambiance, on se retrouve souvent emporté dans ces chansons aventureuses subtilisées à Maiden pour l’occasion. Machine Head mise une fois encore sur la « théâtralité » et sur la longueur de ses titres pour apporter des éléments d’accroches à ceux-ci. Le travail de la voix du frontman n’est d’ailleurs pas étranger à ce style que Machine Head emploie depuis ces dernières années. L’harmonie qui règne entre toute la salve de titres est finement jaugée, il va sans dire que la production n’est pas ce qui fera défaut à « Unto The Locust ».

Entre rythmiques militaires typiquement thrash, voire death ou black (légèrement hein !) sur certains passages, Machine Head opte pour une suite logique de « The Blackening ». Rob Flynn et Phil Demmel s’adonnent toujours à des parties solistes solides, mais ne s’arrêtent pas là et décident d’haranguer des riffs bruts et efficaces à la Pantera. Les leads parts sont beaucoup moins nombreuses sur ce disque pour laisser place à de nombreux plans déstructurés et diversifiés.

De son côté, Dave McClain reste toujours un cogneur reconnu et rappelle un certain Chris Kontos sur « This is The End », titre aux arpèges dignes d’un « Fight Fire With Fire » de vous-savez-qui défini par le groupe lui-même comme étant le morceau le plus rapide qu’ils aient composé jusque-là. Le grand chauve a toujours été comparé à son illustre prédécesseur, malgré un jeu de batterie toujours aussi diversifié et parviendra à faire taire les mauvaises langues. Outre la brutalité, les mecs de Californie oscillent également avec des mélodies accrocheuses, à l’image du poignant « Who We Are » où l’on entend avec étonnement des enfants chanter. Mais nous pouvons nous arrêter sur le morceau le plus « faible » de l’opus : « Darkness Within ». Une « ballade » où Flynn s’enflamme en parlant de son amour de la musique, cela rappelle étrangement la reprise de « Die Young » de Black Sabbath entreprise quelques mois auparavant. La partie acoustique du morceau est moins réussie et accrocheuse que la seconde, où le groupe se libère de manière générale. Le risque a été pris et les capacités vocales du frontman sont mises à rude épreuve d’ailleurs. Quelques chants clairs loin d’être désastreux apparaissent globalement sur l’opus, dès les premières écoutes, ils sont assez déroutantes et il faut quelques écoutes afin d’assimiler celle-ci. On retiendra surtout cette rage dans la voix et où son débit ne se montre qu’étrangement plus hargneux avec les années, mais également beaucoup mieux maîtrisé.

L’ensemble de cette galette regorge d’émotions mélodramatiques à souhait, ce qui est assez typique des dernières sorties du groupe. Le « Haloesque » « Be Still & Know » vous mettra d’accord et il est intéressant de voir que Machine Head garde son identité en incorporant de nouveaux éléments. Même en voulant agrandir son auditorium avec des compositions ouvertement plus riches et « ouvertes » (le mot est grand), la machine d’Oakland n’a pas à rougir sur ses actes et garde la tête haute. Il est certain que le groupe s’ouvrira encore une fois des portes avec « Unto the Locust », il faudra juste faire attention à ne pas se brûler les ailes.

Pour le moment, « Unto the Locust » laissera Machine Head conquérir une fois encore l’Europe, mais leur donnera ainsi leur ticket parmi les grands aux USA, qu’ils ont tant bien de mal à obtenir. La barre placée est haute une fois encore, et espérons qu’il en soit ainsi pour un long moment.

Rendez-vous pour les fans le 23 novembre prochain au Zénith de Paris.
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Rédigé par : Choko | 18/20 | Nb de lectures : 24234