A priori, si tu es un lascar ayant un goût prononcé pour les zombies frelatés, le death-metal et des labels underground de brigands style RAZORBACK RECORDS ou HORROR PAIN GORE PRODUCTIONS, il y a des chances que tu connaisses Mark Riddick, le dernier d’une longue série de graphistes (Dan Seagrave, Jon Zig, Chris Moyen etc.) au style immédiatement reconnaissable ayant illustré pléthore de disques de ta collection. Bien qu’assez redondant, Riddick a pour lui une patte visuelle instantanément reconnaissable, ses pochettes étant en général réalisées essentiellement au stylo, en noir et blanc et autour des mêmes thèmes dégeulis mélangeant morts-vivants, blasphèmes et des hectolitres de fluide corporel. Eh bien sur le plan musical, on peut dire que c’est la même chose…

Car malgré un début de carrière placé sous le signe du néo-folk ( ?!) avec The Soil Bleeds Black (où l’on retrouve aussi son frère, Mike), depuis qu’il traîne ses basques avec Kam Lee ou divers vieux machins qui sont restés bloqués sur la première moitié des années 90, Riddick enchaîne depuis deux/trois ans les projets musicaux plus ou moins sérieux (FETID ZOMBIE, GRAVE WAX, UNBURIED) qui ont tous en commun d’être un peu sa façon à lui de donner ‘sa’ définition de ce que doit être le death-metal old-school. Et MACABRA n’échappe pas à la règle, même si pour cause de galanterie un peu étrangement placée, Monsieur a laissé Hasley Swain se charger de la pochette de ce ‘Blood-Nurtured Nature’…

Avec ce projet visiblement 100% studio où Riddick s’est occupé de tous les instruments (dont de la BAR, qui sonne pourtant étonnement réelle) et le dénommé Adrien ‘Liquifier’ Weber, Belge de son état du chant, on a d’abord l’impression qu’il s’est dit que lui aussi pouvait faire comme Maniac Neil avec BLOODFREAK par exemple et si le tout était sorti sur RAZORBACK coincé entre le dernier MAUSOLEUM et le prochain SCAREMAKER, cela serait passé comme une lettre à la poste. Sauf que l’objet n’est pas aussi balisé que l’on croit… Il faut d’abord passer outre cette production extrêmement rêche, avare en effet et aux guitares maigrelettes, et ce mix (volontairement ?) déstabilisant qui met la voix grognée de Weber au même niveau que tout le reste. Puis ces riffs thrashy et bizarrement désaxés par dessus lesquels nagent parfois des synthés volontairement squelettiques mais bien morbides, le plus étonnant étant ce « Thick Slabs Of Moribund Fat » de près de six minutes pris en flagrant délit de (horreur !) mélodie funèbre, avec quelques touches délicates de piano par dessus. Et cette impression qui petit-à-petit se confirme que plus l’on s’enfonce dans cet album plutôt court (35 minutes) et très lo-fi ressemblant parfois à une grosse démo, et plus le ton se fait mystérieux. Et au final, le charme agit.

Un charme fauché, qui accuse son manque de moyens mais un charme quand même. Celui d’une sorte de thrash/death tour à tour bien baveux et atmosphérique à sa façon, ou en tous cas atmosphérique comme pourrait l’être, mettons, un visionnage sous acide de la 54ème rediffusion de la sixième partie de ‘Vendredi 13’ et de cette scène où Jason Vorhees met trois plombes à se glisser par derrière une jouvencelle décérébrée à moitié nue pour lui traverser le corps de part en part avec sa machette.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 14/20 | Nb de lectures : 12419