Et hop, encore une sortie Insidious Poisoning dans mon escarcelle. Et c’est vrai qu’après les autres CD chroniqués du label français, j’avoue que je commence à avoir la bave aux lèvres dès que le Sombre Prince me propose, peu mis en appétit, lesdits CD. Eh bien mes amis, encore une fois, c’est du tout bon !! Ce split regroupe trois groupes d’origine bien distinctes, mais dont la passion pour les arts noirs rassemble. Trois groupes, 11 morceaux, 76 minutes, c’est parti pour une descente dans les noires et froides abysses du black metal funéraire.

Partie Lyrinx
Effectivement, les 3 groupes évoluent tous dans un black metal fortement teinté de doom, et toujours avec des grosses tendances suicidaires/dépressives. Ouvrant le bal, Lyrinx balance son désespoir à la gueule de l’auditeur sans chichi. Le trio anglais a un feeling incroyable, et bien que plutôt répétitif, leur musique est foutrement engageante et pénétrante. A aucun moment l’ennui ne pointe et l’écoute est complètement immersive. Les compositions transpirent la détresse et le désespoir, le chant de Brennuvargr est écorché à souhait, on en souffre presque pour lui. Musicalement, Lyrinx est plutôt varié, les passages lents et limite doom succèdent aux passages rapides, avides de destruction. Les trois morceaux, plutôt longs (entre 8 et 12 minutes chacun), remplissent le contrat : rendre mal à l’aise l’auditeur. Et en cadeau Bonux, ils donnent même envie de se pencher sur le reste de la discographie du groupe, essentiellement composée de splits CD. J’en viens même à me demander si, avec un tel niveau, on ne va pas se faire chier pour la suite du CD.

Note : 4/5
Myspace : www.myspace.com/lyrinx

Partie Elysian Blaze
Les Australiens d’Elysian Blaze sont les suivants à nous saper le moral. Encore plus lent et plus sombre que Lyrinx, le pojet solo de Mutatis fait passer la fosse des Mariannes pour Disney Land. N’espérez pas trouver quelque sous-marin russe testant la solidité des os de ses marins, ou quelque poisson à loupiote dans le morceau de 12 minutes qui compose cette partie. Tout n’est que noirceur, désespoir, torpeur. La production pleine d’échos rend la musique de l’Australien Cthulhuesque. A l’écoute de ce morceau, on se demande même si la fameuse cité perdue de R’Lyeh ne se trouve pas à proximité de l’Australie, tant la musique d’Elysian Blaze est dégoulinante, rampante, suintant la mort et la putréfaction semées par des créatures démoniaques tout droit venue des abysses les plus noires. Affreusement lent et désespéré, la musique d’EB est à mettre entre toutes les oreilles de fan de doom et de black metal, et qui ferait passer Satan pour une gamine trouillarde et pleurnicharde. Le morceau porte d’ailleurs parfaitement son nom : "Black Hole Euphoria". Laissez-vous griser par la décadence de cette musique, qui ne laisse aucun espoir.

Note : 4,5/5
MySpace : www.myspace.com/officialelysianblaze

Partie D.O.R.
C’est au tour des Portugais de D.O.R. de clôturer cette galette. Signifiant Death Overcomes Reality, mais également douleur en portugais, le nom du groupe est tout désigné pour achever les plus joyeux qui n’ont pas encore été exterminés par Lyrinx et Elysian Blaze. Moins abyssal et totalitaire dans son approche, D.O.R. est surtout plus black metal. Mais on reste dans le dépressif, le Portugais aux manettes (c’est un projet solo) proposant riffs désespérés et vocaux traumatisés. Beaucoup plus classique dans son approche, ce dernier groupe est presque décevant par rapport aux deux premiers. En effet, après être allé très loin dans la noirceur et le désespoir, DOR fait presque office de joyeux drille. Il aurait fallu ouvrir le split avec ces morceaux, afin d’aller de plus en plus profondément dans la folie. Ce n’est pas pour autant que les quatre (longs) morceaux sont mauvais, bien au contraire. Mais l’intensité dégagée est moindre, et les sentiments procurés sont plus diffus, moins extrêmes. Le troisième morceau, "Testimony of Decadence" est néanmoins une petite pépite de dépression et de noirceur, et rehausse le niveau. Au final, même si DOR n’arrive pas au genou de ses compères, la demi-heure de sa partie reste agréablement dérangeante et sombre.

Note : 3/5
MySpace : www.myspace.com/deathovercomesreality

Après 76 minutes de noirceur et de sombritude, je me dois de saluer Insidious Poisoning Records, qui propose ici un 3-way-split de fort bonne qualité, et récolte encore une fois les félicitations du jury. A écouter bien entendu au casque, dans le noir, avec des bougies et des bâtons d’encens saveur rat crevé.


Rédigé par : Kryde | 15/20 | Nb de lectures : 10297