Il devient difficile de se sentir concerné par le désespoir de moins en moins poignant des sorties qui inondent le marché en matière de black dépressif. Tous plus misanthropes, plus nihilistes et plus mal dans leur peau que leurs voisins, les projets de suicidal sont depuis trop longtemps le moyen extrémiste à la mode pour exprimer son mal-être sur son profil MySpace. Et dans cette pléthore de candidats, souvent esseulés, on trouve beaucoup de musiciens en herbe attirés par la simplicité technique du style, qui en oublient la difficulté à rendre perceptible musicalement la douleur. Et il reste à la charge du chroniqueur de trier le bon grain de l'ivraie. Mouais, facile à dire.

Lyrinx est un projet qui nous vient tout droit d'Angleterre. Fondée en 2004, la bestiole est à l'origine de deux démos parues en 2005 sur des micro-labels biodégradables. Puis, l'entité entre en sommeil, le temps (je cite) "à son créateur, LLYR, de mûrir en tant que musicien". S'ensuit en 2007 le premier EP Nihilistic Purity qui sort sous format tape chez Todestrieb et sous format CD chez GoatowaRex. C'est là qu'intervient le label français Insidious Poisoning qui sort cet EP sous format vinyl en mars dernier. Sur cette version vinyl, vous trouverez un sixième titre, qui n'est autre qu'une version de répétitions du troisième titre. Ô joie.

Depuis ce temps (et le long moment que j'ai mis à me sortir les doigts pour parler de l'album), Lyrinx a enchaîné avec deux splits : un avec le duo australien Austere en juin 2008 et un second intitulé Universal Absence avec le one-man band australien Elysian Blaze et le one-man band portugais D.O.R en juillet 2008. Je tire ces infos de metal-archives, Lyrinx renvoyant gentiment vers ce lien pour piocher des news (c'est bien la première fois que je vois ça, d'ailleurs). Et pour parfaire cette schizophrénie nihiliste, vous pouvez contacter le groupe sur MSN via son adresse anti_communication@hotmail.co.uk. Hé oui, certains ne semblent pas étouffés par les valeurs qu'ils pronent. Mais revenons à notre EP...

Nihilistic Purity présente, comme il fallait s'y attendre, un black dépressif où les hurlements désespérés soulignent les tremolos criards. Rien de vraiment neuf à l'horizon, si ce n'est une rythmique d'intro du second morceau assez bonhomme, du genre qu'on peut chantonner en partant bosser (poum poum poupoum poupoupoum poum). Si la mélodie est sympathique, elle est surtout bien identifiable et saute à l'oreille quand on la retrouve le morceau suivant. Et c'est le principal défaut de Lyrinx : les thèmes tournent rapidement en boucle, les rythmiques se ressemblent fortement. Au bout de deux titres, on a l'impression d'avoir fait le tour des sillons.

Lyrinx use des rythmes pachidermiques jusqu'aux élans de double feutrés, variant son propos dans un opus qui ne reste pas cantonné à la lourdeur. L'exécution est tout à fait honnête et bien organique, évitant la désagréable sensation d'avoir affaire à du home studio frelaté. Si techniquement, cela flotte quelque peu, le rendu n'en est ici que plus appréciable. Mais malgré cette interprétation habitée et quelques mélodies sympathiques, Nihilistic Purity ne se détache jamais du peloton, que dis-je du bataillon, des formations du genre. La faute probablement à une trop grande jeunesse de composition. LLYR ne semble pas avoir assez mûri pour proposer suffisamment de variété, ou en tout cas pour ne pas se laisser embarquer dans une carrière de splits où il va diluer sa créativité. De quoi en déprimer un grand coup...

Trois autres extraits sont dispos sur le site du label



Rédigé par : Prince de Lu | 5/10 | Nb de lectures : 10944