"Prends gardeeuuuu !
L'œil de Sauroumane te regardeeuuu !".

Si la pochette du dernier méfait des Allemands de Lyfthrasyr peut évoquer le monde de Tolkien au premier regard, mes recherches quant à l'origine de leur patronyme ne m'ont pas emmené dans les Terres du Milieu. Formé en tant que projet solo à l'horizon 2002 par le compositeur/clavier/tamagoshi/bassiste Aggreash, Lyfthrasyr sort sa première démo "Beyond the Frontiers of Mortality" en 2004 avant de s'adjoindre un nouveau compagnon de jeu, le dénommé Insorior (guitariste qui apparemment ne peut pas fermer l'œil). Les deux compères sortent ensuite un premier album "The Final Resurrection" en 2005 chez Twilight Vertrieb. Puis, vient en 2007 l'heure du second album sous la forme d'un trio, un batteur ayant finalement tapé dans l'œil de nos joyeux lurons.

Après un début des plus laborieux, ce troisième opus livre rapidement sa fibre (optique) : une musique un peu grandiloquente piochant dans le métal extrême blackened dernière période de Cradle. Synthé plutôt en avant, Lyfthrasyr ne cache pas son attirance pour les musiques sombres, aussi bien du métal extrême que des BO bien angoissantes. Le tout est de parvenir à évoquer sans ciller une ambiance funeste et mélancolique, agressive mais mélodique.

Et le résultat est plutôt décevant, mettant à mal ma volonté à garder les yeux ouverts. Offrant des incursions dans le métal gothique en de brefs instants et des excursions dans le gros balourd la plupart du temps, Lyfthrasyr montre une incapacité à enchaîner plus de deux riffs sans placer un gros break poukrave de chez glaviouze. L'ensemble de l'opus est très décousu et sonne donc lourdaud et surtout fortement redondant. L'usage répété et sans sourciller des mêmes breaks et des mêmes riffs (qui ne sont déjà pas extraordinaires en y regardant de près) ne redorent pas le blason de nos chevaliers teutons, déjà perdus dans les clins d'œil appuyés et autres regards soutenus qu'ils font à leur référence.

Peu aidé par une batterie au son de BAR et des insertions d'éléments électroniques de seconde zone, le trio ne me fait même pas lever un sourcil intéressé malgré son mixage au Fredman Studio et son mastering au Cutting Room. Versant dans le moins bon que peuvent proposer les surproductions hormonales de Cradle, Lyfthrasyr ne pourra faire de l'œil qu'aux plus coulants auditeurs, qui poseront un regard gourmand sur la version digipack à la pochette toute verte (mais pas forcément plus jolie). Le genre d'album tape-à-l'œil à récupérer à l'œil justement…


Rédigé par : Prince de Lu | 08/20 | Nb de lectures : 10761