Projet solo de l’ancien batteur d’Hypothermia, Lustre (oui je sais…) propose de cheminer de l’aveu même de son géniteur, sur les traces de l’évadé du placard et en particulier de son "Filosofem". Après un premier EP en 2008, le Suédois Nachtzeit nous offre son premier album sous la bannière du label italien ATMF. Pas la peine de tortiller autour de la forêt mystique pendant des heures, il s’agit d’un black tout ce qu’il y a de plus ambient.

Cette ode panthéiste se décompose en deux transes hypnotiques de vingt minutes chacune. Un tempo lent pas si loin du funeral, des riffs qui vont et viennent en guise de tapis neigeux, un râle lointain et torturé, des nappes de clavier en forme de cuivres solennels et un clavier cristallin distille un leitmotiv hivernal. C’est tout ! Les deux titres se suivent et se ressemblent. L’un comme l’autre dévoile fort peu d’évolutions si ce n’est l’apparition de la voix qui se fait rare ou la disparition des guitares pour laisser la place aux ritournelles synthétiques.

Plutôt qu’à Burzum, cela m’a évoqué le dernier album de Trist, "Willenskraft". J’y ai retrouvé les mêmes sonorités excepté que chez l’Allemand, les amorces calmes montent progressivement et inexorablement vers une explosion emphatique. Or, sur cet album, j’ai l’impression que le Suédois repique les intros de Trist pour les étirer durant vingt minutes. Ca fait long ! En même temps, Nachtzeit revendique volontiers cette facette à la fois minimaliste et répétitive. Son souhait est de faire sombrer l’auditeur dans une hypnose contemplative devant les beautés de la nature. Il apparaît que c’est assez réussi mais le sage a dit : «Rien ne se mesure au spectacle de la nature… mais au bout d’un moment c’est un petit peu chiant quand même ! D’ailleurs, ce ne serait pas l’heure de l’apéro ? ».
Malheureusement pour le sage, il s’agit d’un problème inhérent au genre.

Hormis ce soporifique souci, il faut reconnaître que pour une fois dans ce genre de projet, la prod est de bonne qualité. Le son se révèle limpide et agréable à l’oreille. Habituellement, ce type de one man band nous réserve une prod certifiée true lo-fi avec grésillements incorporés. De même, on ne décèle aucune faute de goût ni de plantages instrumentaux.

Le plus ahurissant est que ce skeud est relativement agréable à écouter et finit par atteindre son but. Il n’empêche que sur la durée ça tourne trop en rond pour vous soulever les paupières. Un disque idéal à écouter après une journée harassante de votre esclavage rémunéré ; on se sert un Jack, on s’assoit et on se détend dans les bras de Dame Nature. Mieux encore, vous allez faire des économies de Prozac. Comme moi, je n’en prends pas, je vais plutôt me soigner en écoutant le dernier Trist.
Les intros, ça va cinq minutes !


Rédigé par : Dark Rabbit | 09/20 | Nb de lectures : 12520