Entre deux albums de Riverside, le bassiste leader chanteur Mariusz Duda s’autorise une petite escapade en solo. Looking On a Flashlight Beam, 4e de ces échappées solitaires est pour lui l’occasion de proposer une autre facette de ce qu’il fait d’ordinaire avec son groupe.
On avait déjà percé à jour dans certaines compos de la formation majeure de la scène polonaise une sensibilité à fleur de peau, au travers de mélodies mélancoliques et de textes tout aussi désenchantés. Le projet Lunatic Soul lui permet d’expérimenter plus avant ce côté sombre de sa personnalité.

Sombre oui, mais pas seulement. Car cette quête désespérée du « faisceau lumineux » le conduit ici à côtoyer les cimes d’un rock prog atmo classieux mais dénué de toute approche démonstrative.

Éclectisme pourrait être le maitre mot de cet opus. Duda teinte son rock prog de touches popisantes ou indies voire électro. Mais il est et reste avant tout un musicien. Et s’il ne manie pas la basse à la manière d’un Tony Levin, il n’en possède pas moins la maitrise de l’instrument le plus essentiel à mes yeux de la musique moderne. Ainsi, il joue avec elle en testant ici des textures sonores nouvelles et variées.

Bien sûr, l’autre instrument incontournable est sa voix magnifique, à la fois chaude, envoutante et chargée d’émotion. Une voix qui sert remarquablement le concept inhérent aux neuf titres qui composent L.O.A.F.B.
Marius explique que de son point de vue, ce sont les meilleures qu’il n’ait jamais composées. L’idée principale du titre gravite autour de la notion d’imagination nourricière et d’isolement volontaire dans le repli d’un monde débarrassé de toutes choses dérangeantes ou désagréables. D’aucuns appelleraient ça le Paradis…
Depuis Shutting Out The Sun porté par la voix poignante de Dudan en passant par Cold, titre techno rythmé par la basse et les percus, l’atmo Ethereal le bien nommé, Threehouse au format chanson pop indie, tout n’est que douceur et ambiance vaporeuse.

Mon titre préféré reste cependant Pygmalion's Ladder, une pièce de plus de 12 minutes où Duda fait montre d’un sens aigu de la mélodie et des arrangements. Après une intro hispanisante et les prémices d’un climat oriental, l’ensemble glisse vers le rock prog dans un mix P.Tree/Riverside assez savoureux.

Avec ses multiples sons et bruitages (voix d’enfants- pépiements d’oiseaux), ses chants bouddhistes, Sky Drawn in Crayon nous plonge dans une mélancolie profonde et communicative dont il est difficile de s’extraire.

L’album s’achève par le titre éponyme de plus de 8 minutes sur un rythme plus lourd dans un registre pas très éloigné de ce que fait Wilson en solo ou avec P.Tree. Il finira de vous convaincre que Duda dans sa diversité et son investissement personnel, possède tous les ingrédients pour faire de lui un artiste solo à part entière, d’une grande sensibilité et d’un talent proche de son ainé britannique maintes fois citées en référence dans cette kronike. Ce n’est pas le moindre des compliments !




Rédigé par : Karadok | 15/20 | Nb de lectures : 9185