- Lunatica c’est six Suisses symphoniques. C’est dur à dire. Ils sont nés en 1998 et c’est leur quatrième album. D’après la promo (d’ailleurs en parlant de la promo, coup de gueule aux gens qui ont imprimé n’importe quoi au niveau du track-listing), ils se sont faits un petit nom, notamment en Suisse et au Japon avec leur album précédent. Et donc là ils nous reviennent en février 2009 pour ce "New Shores".
- Mais… Mais elle est pas fraîche ta chronique !
- C’est ta mère qu’est pas… euh, pardon : Pas fraîche ma chronique !!? J’viens de la taper ce matin !
- Et puis-je savoir depuis combien de temps le CD attendait ?
- Un mois. Deux peut-être. Bon, allez, trois. Pas ma faute, il est venu en char à bœufs.
- Et plus sérieusement ?
- J’avais pas envie de la faire. Parce que je ne savais pas quoi en penser. Parce que c’est du vu et revu.

Regarde, par exemple, la title-track, “New Shores”. C’est une espèce de metal sympho à chanteuse. Encore et toujours la même tambouille, avec quelques petites touches électro pour agrémenter, notamment la voix légèrement trafiquée. Tu veux savoir ? Ambiance, voix, usage du clavier : pense Kamelot à voix feminine, pense Epica version speed et plus joyeux, tu retires juste le brin de mélancolie qui touche habituellement le genre (même si je suis pas sûr que ce soit volontaire dans leur cas). Pour la voix, pense chanteuse plutôt pop type Anette OLZON (Nightwish).
- Ah, oui, genre quelconque ?
- J’n’irai pas jusque-là, elle a tout de même une voix sympa et un petit accent franglais assez mignon et touchant, mais elle est clairement dépassée par le genre et on sent qu’ils l’ont appuyée par la technique (doublage des voix, ajout de chœurs, etc).

En plus de ça, y’a énorme tromperie sur la marchandise. Si les deux premiers morceaux, « New Shores » et « Two Dreamers » sont bien dans un esprit heavy/speed sympho assez entraînant et traditionnel, le reste n’est vraiment pas terrible.
En gros ce sont des mid-tempo qui alternent entre le « nouveau » Nightwish assez heavy, et Epica, en passant par le style « bande-son de film où que le beau héros il meurt, type Gladiator » tu vois ? « The Chosen Ones » illustre bien ces différentes facettes avec son côté fourre-tout « On a plein de riffs qui collent pas alors on va faire une chanson avec en rajoutant des effets électro qui servent à rien. ».
- Mais y’a des choses à sauver ? Genre je sais pas, les paroles ?
- Ah nan, alors là c’est horriblement vomitif.
- Un peu comme tes chroniques !
- Elles sont du jour j’te dis mes chroniques ! Franchement, ces textes, c’est bienpensant sur la vie de la planète et l’avarice humaine (« How did it come to this », où on nous explique gentiment le discours écolo Al Gore, qu’on va tous mourir, que le monde serait mieux sans nous, et qu’on a tué Kenny), c’est gnangnan sur un amour perdu à qui on souhaite le meilleur, etc.

Morceau choisi sur « Farewell My Love » : « Maybe sometimes love is hurting, but it’s the sweetest pain I know » (Peut-être que l’amour fait souffrir, mais c’est la plus douce douleur que je connaisse) en duo avec une voix masculine : John Payne (ex-Asia), tout sauf convaincant. Morceau qui finit par ailleurs à grand renfort de chorale Gospel, oui, encore comme le dernier Nightwish.
Et pis la fin de l’album est soporifique, encore et encore des ballades pouraves, acoustiques en bonne partie. Non seulement c’est pénible parce que mal composé, mais en plus ça révèle des faiblesses dans le groupe.

- Ah oui, l’exécution technique, t’en as pas parlé.
- Ben justement : ils sont propres, pas de soucis, ça joue correctement. Mais là, sur « Winds of Heaven » notamment (qui a dit « Meadows of Heaven » ?), il apparaît que quand elle doit pousser un peu sans aide de technique, Andrea, la chanteuse, est finalement limite. Très limite.
Bon, après pour ce qui est production, c’est Sascha Paeth aux manettes, j’vais pas te faire une présentation du personnage... C’est sûr que son boulot à lui est bon, même si la batterie est un peu sèche (notamment la grosse caisse, en matière de sympho on était tout de même habitués à autre chose que ces sons étouffés), elle est bien rattrapée par la basse qui a des lignes qui la mettent en avant au moment opportun (et heureusement pour elle, parce que les sons de gratte sont bien lourds et agressifs).

- Et donc tu disais, la fin de l’album ?
- Ouais, des ballades pénibles, voire des titres genre « Heart of a Lion » qui font très variété internationale/pop de facture assez moyenne et plate (c’est simple : ce serait présentable à l’eurovision), même si je n’arrive pas à me souvenir exactement quelle chanteuse ça me rappelle. En fait c’est un petit peu le problème majeur de l’album et du groupe en général : quoi qu’ils fassent (mis à part la title-track encore une fois), ils rappellent toujours quelque chose, sans qu’on puisse vraiment identifier quoi. Non seulement c’est preuve d’un manque de créativité, mais en plus ça met en avant le fait qu’ils soient incapables d’égaler les originaux.

- Et alors au final, tu trouves que c’est un bon album ?
- Non. Il est pas terrible, pas inspiré et y’a tromperie sur la marchandise. On peut pas dire que le contenu soit vraiment malhonnête en soi, mais on attend bien mieux. C’est juste « encore du sympho à chanteuse ».
- Et le groupe ?
- Bof. Ce serait un premier album je te dirais d’y revenir éventuellement. Mais là c’est le quatrième, et de ce que je peux en juger, ils n’ont pratiquement pas évolué depuis les précédents. Un peu moins grandiloquent peut-être, mais c’est tout.
Je peux te proposer quelques échantillons gratuits sur le myspace, mais encore une fois attention, c’est tromperie sur la marchandise, ils n’ont mis que le mieux.
Ce sera tout, veuillez avancer jusqu’au prochain album, merci.


Rédigé par : Saru | 10/20 | Nb de lectures : 10032