Ils sont cons ces belges. Avec leurs histoires, ils nous font bien marrer. Ou pas. Toujours un bon mot. Ou pas.

Lugubrum, c’est drôle. Ou pas.

Spécimen de la scène black belge, Lugubrum sort avec Face Lion, Face Oignon (ouais, c’est une blague ce titre), son 9ème album de BM barro-barré de chez barro-barré. Parce qu’après avoir donné dans le raw BM, puis dans le BM traditionnel, le groupe s’adonne depuis quelques années et albums à un BM insaisissable, bourré d’influences jazzy ("El Arish", le premier titre, à compter de la 4ème minute), orientales (samples sur "Mont Tabor") et de multiples petits arrangements mélodiques du plus bel effet qui enrichissent considérablement le propos.

Dès "Gaza", le second titre, on rentre dans un schéma plus vif mais qui reste emprunt d’arrangements surprenants. Le mid-tempo est entraînant, mélangeant des passages heavy à du gros doom ; en optant dès la 1ère minute pour une cassure de rythme, le groupe relance la machine avant de s’arrêter à nouveau vers la 2ème minute et de repartir en de fines mélodies et accords orientaux/guitare classique espagnole puis de finir tout en accélérations et de clore le morceau par des samples inquiétants d’invocation.

"Jafa", le troisième titre, démarre selon un processus proche : guitare hispanique, mélodie entraînante, voix traînante, murmurée (en français, avec un accent… allemand ou flamand !). Mais pour dire quoi ? Le « j’aime l’oignon » revient sans cesse dans le morceau… A quelle fin ? Cela dissimule-t-il quelque chose de plus profond ? Est-ce juste du foutage de gueule ? Je vous l’ai dit, ils sont cons, ces belges, parfois. « J’aime l’oignon » en voix claire, murmurée, raw, BM… ben c’est surprenant ! D’autant que le morceau est particulièrement déstructuré, qui oscille entre plages calmes et mélodiques et accélérations chaotiques, jusqu’à l’apparition de samples quasi électro aux alentours des 6 minutes… Difficile de suivre même si le tout est suffisamment stable pour ne pas décontenancer autant qu’un Sigh par exemple.

La richesse de la musique est évidente. La Face Lion (les trois premiers titres) est donc plutôt réussie en dépit de ces quelques remarques. La Face Oignon l’est moins. Débutant par un "Acre I" classique (même si les multiples petits arrangements qui parsèment le morceau sont plaisants) mais joliment mélodique avec son mid-tempo entêtant, l’album se poursuit avec un "Mont Tabor" et un "Acre II" somme toute assez décevants après les trois premiers brûlots. On peut considérer que la voix est un atout tant elle est spécifique au groupe ; personnellement, je la trouve fatigante et sans intérêt. Elle est plus présente sur ces trois derniers titres et accompagne des structures plus conventionnelles, moins atypiques (accélération/passages doom de bel effet mais classiques). Le dernier titre est long, beaucoup trop long et clôt l’album sur une impression de remplissage désagréable.

Quant à la pochette, elle est hideuse. L’intérieur du livret est plus intéressant, sans être bouleversant. Un produit atypique donc, foncièrement intéressant pour ce qu’il propose dans sa première partie, moins pour ce qu’il offre dans la seconde. Et comme ils le disent eux-mêmes, « Vive l’oignon ! Vive Noël ! ».




Rédigé par : Raziel | 14/20 | Nb de lectures : 13852