LUDICRA - The Tenant (Profound Lore) - 15/06/2010 @ 09h14
Alors que dans le petit monde de Ludicra les albums tombaient tous les deux ans comme des fruits mûrs, il fallut quatre ans pour voir la naissance de ce nouvel opus. Au passage, le combo rejoint la nouvelle Mecque de l’expérimentation blackeuse, Profound Lore. Voir ce groupe ailleurs semblait une anomalie tant les ingrédients sont typiques du label.
Avis aux amateurs, bonjour le casting quatre étoiles, John Cobbett à la gratte (Hammers of Misfortune, Slough Feg), Aesop Dekker (Agalloch) à la batterie et Mister Impaled himself, Ross « bidoche » Sewage à la basse. Et puis, mention spéciale aux deux chanteuses qui assurent lorsqu’il s’agit de s’arracher les cordes vocales.
Loin de la tripaille dont il s’abreuve habituellement, Ross nous propose un artwork poétique et littéraire. Difficile de ne pas avoir une pensée pour Hemingway en voyant cette table d’écrivain perdue au milieu des eaux.

"The Tenant" se veut progressif avec d’assez longs morceaux labyrinthiques qui alternent différentes composantes issues d’à peu près toutes les sphères du metal. Ce côté rock progressif est renforcé par l’apparition de chœurs en voix claires complètement planants.

Ainsi, les morceaux s’amusent à alterner passages strictement blacks comme sur l’excellent début blasté de "Larger Silence" qui, avec ses trémolos, rappelle tout un pan de la scène française, passages hardcore composés de riffs rythmiques tranchants et saccadés quasiment chaotiques, des instants prog-heavy gorgés de soli bien techniques et des écrasements doom voire classic-doom comme sur "Undercaste".
Le mélange se voit régulièrement breaké par des accalmies acoustiques et si l’auditeur est attentif il trouvera même une ambiance folk païenne lors de l’amorce de "Clean White Void" avec ce mid-tempo dansant.

Malgré cette diversité, nous ne sommes jamais perdus. Chaque titre étant structuré minutieusement et développant ses thèmes respectifs. On passe allègrement de l’intensité du hardcore à un développement épique sans jamais avoir la sensation d’un enfilement de plans sans liens entre eux. Par ailleurs, il n’y a pas à tortiller du postérieur, ça joue sévère. Cobbett nous gratifie de soli heavy bien techniques dont il a le secret, Dekker montre toutes ses capacités à varier son jeu en apportant une belle versatilité rythmique et comme il s’agit de prog, la basse étant plutôt présente dans le mix, Ross nous sort quelques lignes qui nous prouvent une bonne fois pour toutes que ce n’est pas la moitié d’un branquignol tout juste bon à se faire photographier sur des chiottes.

Le rendu sonore est tout à fait naturel et les instruments sont mis en valeur comme il se doit. Pas de bidouilles ! Une prod parfaitement adapté au style progressif de Ludicra.

Et là vous allez me dire, nickel ! Encore un super skeud de la mort qui assassine ! Et là, malheureusement dans mon cas, un machin m’est resté coincé en travers de la glotte. Certes, c’est magnifiquement branlé. Certains passages, sont vraiment somptueux et m’ont bien lessivé la cervelle. Mais, il y a un sentiment indéfinissable qui m’a gentiment expulsé à plusieurs reprises de cette rondelle plastifiée. Je ne pouvais empêcher mon attention d’aller voir ailleurs si j’y étais. Un disque si bien fichu, si policé qu’il apparaît trop poli, trop lisse.

Malgré cette étonnante diversité, il me manque un grain de folie ou des envolées bravaches qui m’auraient retourné les tripes. Difficile de pointer des défauts objectifs, il s’agit d’un pur ressenti subjectif. J’avoue, le constat est absurde mais c’est comme goûter votre plat favori concocté par le plus grand chef du monde et vous apercevoir au final que ça manque de sel. C’est idiot, car le plat reste excellent mais ce léger détail vous obsède jusqu’à prendre des proportions gigantesques en dépit du bon sens.

En même temps, j’aurais dû me méfier de l’artwork de Ross et de sa bouteille de Jack perdu au milieu d’une étendue de flotte. Chez moi, le Jack c’est sec et malheur à celui qui tenterait de me glisser ne serait-ce qu’un glaçon dans mon verre ! Je ne vous l’ai pas dit mais derrière le livret, un lit vide trône au milieu de la mare comme si le combo nous invitait à faire une petite sieste. Il ne faudrait pas que le grey-metal de Ludicra devienne du transparent-metal.

Au final, un album excellent, super bien joué et structuré mais qui dans mon cas ne m’a pas apporté l’ivresse espérée. Je ne doute pas que certains d’entre vous y trouveront leur compte tant la qualité est au rendez-vous.
Sinon Ross, à quand un nouvel Impaled ?
Non parce que le dernier, c’était une petite tuerie quand même !




Rédigé par : Dark Rabbit | 13,5/20 | Nb de lectures : 12539




Auteur
Commentaire
juj
Membre enregistré
Posté le: 15/06/2010 à 09h20 - (84685)
très beau ; mais très fatigant, aussi

juj
Membre enregistré
Posté le: 15/06/2010 à 09h25 - (84687)
(mais, euh, c'est pas une porte, sur le devant de la pochette ?)

DARK RABBIT
Membre enregistré
Posté le: 15/06/2010 à 09h44 - (84688)
oui la pochette c'est une porte mais le livret c'est une table avec une machine à écrire et une bouteille de jack, c'est pour ça.

Prince de Lu
Membre enregistré
Posté le: 15/06/2010 à 10h14 - (84690)
Je suis adepte du grey metal de Ludicra, mais cet album me laisse pour l'instant complètement froid. Je le trouve soporifique et sans réelle accroche. Il faut encore que je le fasse tourner, mais pour l'instant je suis quelque peu déception.



lapin
IP:88.172.42.228
Invité
Posté le: 15/06/2010 à 13h12 - (84701)
pareil, gros fan de l'intégralité de ludicra.. sauf de celui ci. :(

Youpimatin
Membre enregistré
Posté le: 15/06/2010 à 13h45 - (84703)
Gros fan de toutes les sorties du groupe et de celui-ci !!

Reflebe
Membre enregistré
Posté le: 15/06/2010 à 16h39 - (84707)
Les titres du myspace me plaisent bien. Faut voir sur un album entier...

Arnaud
Membre enregistré
Posté le: 15/06/2010 à 18h32 - (84709)
Je me laisserai bien tenter par cet album, j'en ai lu que du bien et "A Larger Silence" me fait une bonne impression. Ca semble assez riche et varié, de quoi ne pas m'endormir malgré la longueur des morceaux (7 minutes en moyenne), il y a des riffs assez terribles et les transitions ne sonnent pas forcées.
Par contre, je n'aurais jamais su que c'était des gonzesses au chant si on ne me l'avait pas dit, les voix sont bien hargneuses par moment, un petit côté dément.
Bonne découverte.

juj
Membre enregistré
Posté le: 15/06/2010 à 19h06 - (84710)
très Kylesa, les voix ; très Kylesa meets Enslaved, le disque, en fait

lapin
IP:88.172.42.228
Invité
Posté le: 15/06/2010 à 19h50 - (84711)
le prob c'est vraiment la régression depuis "fex urbis" où le groupe avait déjà commencé à mettre de l'eau dans son grand cru, ici c'est ignoblement dilué, beaucoup de riffs sont vraiment mauvais, et certains arrangements sont presques génants pour eux.. à tous ceux qui découvrent ludicra avec cette demi-molle : jetez vous sur "another great love song" !!

Drumetal
Membre enregistré
Posté le: 18/06/2010 à 09h24 - (84753)
Kylesa? Enslaved? Ok j'vais essayé ce machin là!

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