A chaque fois que je porte un œil dessus, la petite scène lituanienne a encore grandi. Si un nouvel album d'Obtest se fait ardemment attendre, Ledo Takas a édité un split qui va nous permettre d'aborder deux groupes locaux en même temps. Cétipabeau.

Premier de cordée, voilà que déboule Luctus. J'ai découvert le groupe il y a quelques mois seulement et je suis tombé sous le charme de son black agressif au son raw après avoir pagayé un moment pour dégoter le premier album "Ad Arma!". Je n'ai pas pu jeter une oreille au second full-length "Monument of Hate" édité en 2006. D'ailleurs, si quelqu'un le vend, je suis preneur, mais j'ai de gros doutes sur l'existence même de cet album. Vous allez rapidement comprendre pourquoi.

Le leader du projet et bien nommé Luctus a fait du chemin depuis son premier album en 2004. Dans les faits, il est parti s'installer à Rome abandonnant le reste du line-up à Kaunas (et non "aux connasses", ce qui n'a plus du tout le même sens). Les six nouveaux titres sont donc enregistrés à Rome au studio "The Lair" où a sévi Onirik par le passé. Enfin, je dis "nouveaux" vite fait ; en réalité, Luctus nous ressert six titres sur dix de la session d'enregistrement de ce fameux second album introuvable. Il n'y a qu'un pas pour dire que l'album s'est fait bouffer par le split (et non "le slip", ce qui n'a rien à voir).

Côté zical, Luctus pratique un black moins direct que par le passé, y mêlant de nombreux éléments thrash. L'ensemble reste dynamique et rentre-dedans. Le batteur du groupe italien Throne of Decadence vient apporter sa frappe et il cogne bien le bougre, ce qui change de la régularité clinique de la BAR employée auparavant. Le son est puissant et net, ce qui me chagrine un peu. Je m'attendais à trouver une production un peu plus crado. En fait, l'évolution sonore du groupe, son imagerie avec sa croix de fer et tout le bazar me rappelle très fortement Ad Hominem (ça faisait longtemps). A ceci près que le projet français s'est envolé vers du plus death avec "Climax of Hatred", alors que Luctus a visé le côté old school de riffs thrash. Mais au bilan, cette première moitié du split est vraiment très convaicante. Il ne manque plus que quatre titres pour compléter ces 24 premières minutes et nous offrir l'album complet. Allezzzzz !!

Note : 7,5/10

Après les réjouissances festives, voilà que débarque Argharus. Le groupe vient de Siauliai, un coin complètement isolé au nord de la Lituanie. Il s'agit ici de la première sortie du quartet, sous la forme de quatre titres pour 21 minutes de misanthropie. Car Argharus n'aime pas l'humanité et tient à nous le faire savoir au travers d'un black agacé mais finalement très traditionnel. Alors que certains passages sont accrocheurs, les rebondissements des compos restent convenus et l'ensemble ne décolle pas vraiment. Si le niveau des instrumentistes est tout à fait bon, le chanteur me laisse un peu perplexe et je n'arrive pas à accrocher à sa voix qui manque de puissance ou de noirceur selon les moments. Pour une première sortie, Argharus propose un split tout à fait honorable, mais il manque encore de l'ardeur pour vraiment se démarquer et paraitre plus possédé par son concept.

Note : 5/10

Au bilan, ce petit split est ma foi fort sympathique, au moins pour sa première partie qui montre encore un Luctus bien vivant. Si jamais cette sortie peut devenir votre porte d'entrée vers la scène balte, c'est que l'objectif de cette chronique est atteint. Si en plus, j'ai réussi à vous inculquer un peu de géographie lituanienne, c'est encore mieux. Mais je parie que la majorité d'entre vous se souvient seulement du nom de la première ville citée. Ah bravo…

Je vous invite à suivre le lien ci-dessous. Vous trouverez extraits, sites web (sauf que celui de Luctus est en construction) et infos.


Rédigé par : Prince de Lu | Note : oui, deux, mais plus haut/ | Nb de lectures : 9962