Pour le commun des mortels, un groupe sans contrat qui propose son album en téléchargement intégral et gratuit sur son site web est un groupe qui a échoué, dont la musique n'est pas assez bonne et n'a donc intéressé aucun label. Caedes Akirohan, la tête pensante de LUCKY STRIKER 201 ne pense pas de la même manière et préfère y voir une démarche artistique. La musique c'est de l'Art et l'Art n'est pas à vendre, clame-t-il sur son site web. Ayant remarqué depuis bien longtemps que pas mal de responsables de labels ont de la merde dans les oreilles, que pas mal de groupes sans le moindre talent sont signés et que surtout les groupes qui ne rentrent pas dans un tiroir bien précis et pratiquent un style un peu hybride, le cul entre plusieurs chaises ont beaucoup plus de mal que les autres à se faire entendre, c'est sans le moindre a priori que j'ai écouté cet album. Je n'ai pas été déçu. Jusque-là, je ne connaissais que vaguement ce groupe, je savais qu'il pratiquait une musique à mi-chemin entre rock, metal et indus, quelque part entre MINISTRY et NINE INCH NAILS, qu'il avait déjà sorti deux démos. Sorti de là, je n'avais jamais vraiment eu l'occasion de m'intéresser de près à sa musique. C'est désormais chose faite grâce à cette kronik.

Musicalement on pourrait résumer grossièrement LS201 en un mix de NINE INCH NAILS, MINISTRY, MARYLIN MANSON et d'influences plus éloignées du métal telles la cold-wave ou le gothique des années 80, notamment grâce à l'efficace jeu de basse du sieur WBR qui accompagne ici Caedes en compagnie de Sylvicious également connu pour son appartenance à PUNISH YOURSELF. Le chant très convaincant et maîtrisé de Caedes oscille entre souffle murmuré dans les moments les plus calmes et un chant à la limite du death pour les parties les plus énergiques. Entre ces deux extrêmes, le reste du chant est comme l'ensemble de l'album: très varié même si il se cantonne peut-être un peu trop dans ce registre murmuré. Le groupe et sa musique y gagneraient sans doute beaucoup si Caedes chantait vraiment un peu plus. L'album compte dix morceaux qui chacun ont leur identité propre et apporte leur part de force à cet album. Si "Things are so good" qui ouvre l'album donne d'entrée le ton avec sa redoutable efficacité et son énergie, d'autres se révèlent plus insidieux tel l'atmosphérique "Insane". "Ocean theology" et sa monstrueuse rythmique ne manquera pas d'évoquer un hypothétique titre de RAMMSTEIN sur lequel Trent Reznor (Sans doute l'influence la plus flagrante au niveau du chant) serait venu poser des lignes de chant.

Au final sans être parfait, ce premier album de LUCKY STRIKER 201 se révèle tout de même bien bon, presque aussi addictif mais en tout cas beaucoup moins nocif que les clopes dont il évoque le nom. Reste au groupe à trouver son public, en dépit de toutes ses qualités, je crois que c'est ce qui sera le plus dur. Vous savez ce qui vous reste à faire: aller sur le site du groupe et télécharger l'album complet. Vous ferez d'une pierre deux coups, vous téléchargerez un excellent album (à la différence des dernières bouses de MARYLIN MANSON ou de RAMMSTEIN) et vous ne serez même pas hors la loi. Elle est pas belle la vie ?


Rédigé par : Sheb | 15/20 | Nb de lectures : 13386