Sept ans. Qui aurait cru que Luciferion, ce combo suédois délivrant un death hors norme, referait surface sans crier gare au bout de sept années d'absence (j'exclu volontairement leurs apparitions sur différents tributes tels que Metallica, Slayer, Mercyful Fate et Morbid Angel bien que ces quatre groupes pourraient être cités parmi les influences du groupe). Leur premier album n'était pourtant pas passé inaperçu avec ses atmosphères tantôt empruntes d'un Morbid Angel (première période) tantôt teintées d'une noirceur pouvant aisément rivaliser avec les groupes de black métal du moment. C'est d'ailleurs ce qui m'avait plu chez ce groupe : sa propension à se démarquer du mouvement death métal de l'époque tout en conservant une base old-school.
Après tout ce temps Luciferion ne semble pas avoir changé de leitmotiv et, chose surprenante tant les revirements sont fréquents chez les groupes scandinaves ces dernières années, « The Apostate » se pose en parfait successeur de « Demonication (The Manifest) » alors que presque une décennie sépare ces deux albums. Cela dit si le groupe a conservé sa démarche, ce qui ressort de « The Apostate » est autrement plus imposant et impressionnant que son premier opus.
Et sur une base thrash/death de riffs allant d'un style US – bien puissants, rentre dedans et parfois proches d'un Morbid Angel – à des riffs plus mélodiques – un peu « à la Suédoise » mais, dans l'ensemble, beaucoup plus survoltés et techniques que par le passé – Luciferion surprend une nouvelle fois en intégrant des éléments mélodiques aux claviers aussi étranges qu'inattendus ainsi que des solos hystériques probablement originaires d'une autre planète. Le tout est agrémenté d'orchestrations et de samples qui donnent à la musique de Luciferion une atmosphère à la fois sombre et surnaturelle. Cette démarche peut faire penser à Nile qui appuie ses riffs les plus puissants avec des orchestrations magistrales : effet garantit. Et tout comme Nile, Luciferion réussit à vous faire digérer sa musique sans le moindre effort grâce à un équilibre parfait entre parties bourrines, envolées mélodiques et passages atmosphériques.
Sur la forme « The Apostate » se présente comme un concept album avec des discussions récurrentes entre les morceaux. Discussions qui m'ont l'air – mais je peux me tromper il faudra que je vérifie – tirées du film Dark City, je vous laisse donc imaginer le concept. Et si tous les morceaux sont d'une qualité constante, le titre éponyme, qui se démarque par sa structure puisqu'il est subdivisé en six parties ainsi que par sa durée qui avoisine les dix minutes, est un véritable chef d'œuvre et résume à lui seul le panel d'atmosphères qu'est capable de délivrer « The Apostate ».
Enfin une production ultra carrée – peut être un peu trop à mon goût, surtout au niveau de la batterie – et une maîtrise instrumentale indiscutable combinées à des rythmiques très efficaces et des atmosphères atypiques font de « The Apostate » un album totalement d'actualité.
Et sachez qu'en plus de cette partie conceptuelle, le disque comprend également une reprise de Celtic Frost, « Circle of the Tyrants », que le groupe s'approprie admirablement, ainsi que cinq morceaux tirés de leur premier album mais figurant ici dans leur version démo datant de 1994.
Maintenant il n'y a plus qu'à espérer une chose, que le groupe ne remette pas sept ans pour nous sortir un troisième album d'un aussi bon cru !


Rédigé par : [eMp] | 16/20 | Nb de lectures : 8552