Quelle surprise d'apprendre par le biais de ce nouvel opus que LOVE LIES BLEEDING n'est pas un one-man band, comme tant de personnes le proclament à tout va sur le net. On retrouve évidemment sur « Ellipse » la tête pensante du projet , Adrastis (guitare, claviers, programmation), entouré de LSK à la basse (ANTAEUS et VORKREIST, entre autres), EM-X au chant (que l’on retrouve aussi à ce poste au sein d’ARKHON INFAUSTUS) et un certain Hydraoth aux percussions. Sur le papier, l’union de tels musiciens semblait être prometteur, et pour tout vous dire, mes attentes furent comblées, malgré quelques a priori sur le genre exercé dont j’avais entendu quelques critiques, mais jamais la moindre note musicale.
« Dead Inside » se charge de l’introduction. Froide et peu avenante de prime abord, l’apparition des claviers peu après apportent un brin de légéreté et de lyrisme auxquels se mêlent ensuite les autres instruments. Cette intro associe un côté atmosphérique très présent, renforcé sur la fin par les chœurs que sont Jeanne et Nikki, et un black metal mid-tempo guidé par le chant malsain d’EM-X, semblable à celui que l’on retrouve dans ARKHON. Notons l’utilisation de quelques beats très industriel-technoïsant, ajoutant un côté mécanique qu’on retrouvera sur plusieurs passages par la suite. « In my Fall » se détache du morceau d’introduction par un tempo plus rapide qui s’atténue au bout de quelques secondes avec l’apparition des claviers. A propos de ceux-ci, sachez qu’ils sont suffisamment en retrait pour ne pas entraver le reste des instruments, mais suffisamment en avant pour instaurer un climat léger, reposant, élégiaque ; « tout juste comme il faut ». Le black metal de LLB reprend de nouveau, la composition est ici excellente, les riffs de très bonne facture, rien à redire là-dessus, vraiment. L’omniprésence des intermèdes est une véritable force, alors qu’elle est pour de nombreux groupes un réel fardeau. Mais le travail effectué est si soigné, si minutieusement étudié que rien n’est laissé au hasard et plusieurs écoutes s’avèrent nécessaire et souhaitable pour profiter pleinement de toute la profondeur musicale de LLB. La dernière minute de cette seconde plage combine une superbe mélodie orchestrée par les claviers et un black metal agressif qui n’a vraiment pas à pâlir. Moi qui suis un ardent détracteur des claviers dans certaines formations, je ne peux qu’admirer le travail accompli sur cette œuvre. Mais continuons. « Another senseless night » est fidèle au travail précédemment étudié. Ceci étant, c’est le titre que je préfére le moins, et pourtant il exploserait bien des morceaux d’autres formations de « black atmosphérique ». La qualité est juste inférieure aux 5 autres morceaux à mon goût, l’aspect metal moins présent explique sans doute cela. Un peu trop axé atmosphérique, en somme. « Revocation » rétablit les choses, les cordes reprennent leur droit, et les claviers sont plus inspirés que sur la plage précédente. Plus discrets sur certains passages mais incroyablement efficaces lorsqu’on arrive à les percevoir. Le petit « plus » qui transforme de manière grandiloquente un extrait entier. On retrouve à la 5ème minute un long passage électro appuyé par un riff de guitare foutrique et des claviers, avant que ceux-ci ne prennent en charge, seuls, le rôle d’accompagnateurs. Extrêmement bien foutu. La plage est conclue de manière magistrale, nappes de claviers aidant. Argh, effet garanti. « Reject - Inject – Loaded » se montre exclusivement atmosphérique durant les 2 premières minutes avant que les percussions ne s’emballent et annoncent une montée en vitesse fulgurante. Une fois encore, les riffs sont inspirés, et le mixage avec les claviers est du plus bel effet. Les intermèdes, toujours présents, apportent leur grain de poésie, marié au black metal tourmenté. Des chœurs apparaissent, disparaissent, se mêlent au chant graveleux et torturé. On pourrait croire à un véritable bordel si la production et le mixage final n’étaient pas aussi fignolés. Je le répéte, une seule écoute n’est pas suffisante. Vous passeriez à côté de trop de détails, d’agréments, la musique de LLB est bien trop riche. L’écouter n’est pas une mince affaire, l’étudier encore moins, de peur d’offenser un travail si accompli. Les 13 minutes de « Reject - Inject – Loaded » passent en revue tout ce dont LLB est capable d’offrir, même si « In my Fall » ou « Revocation » sont bien plus prenant à mon sens.
« EndoLapsus » démarre à son tour tambour battant avant de se languir en mid-tempo avec une basse oppressante tenant le premier rôle. Les riffs assassins reprennent de plus belle et la batterie nous assène de son jeu rapide, puis, retour à la case départ, les deux dernières minutes reprennent le passage mid-tempo du début de morceau, avec quelques samples en plus.
Wow, vous ne pouvez pas vous imaginer comme il est éprouvant de chronique un tel chef d’œuvre. Une musique aussi riche, variée, puissante ne peut décemment pas vous laisser indifférent. Adrastis déclarait dans une interview, il ya quelques années déjà, que la musique d’LLB était bien trop complexe pour être adaptée sur scène et que celle-ci ne méritait pas une telle altération, un tel irrespect. Jusqu’ici, j’ai toujours pris ces quelques mots avec mépris, pensant avoir affaire à un ego surdimensionné. Désormais je comprends sa vision des choses et ne peux être qu’en totale adéquation avec lui.
Un album époustouflant.
Arrêtons ici, je manque de superlatifs.


Rédigé par : Belial | 17.5/20 | Nb de lectures : 10952