L05T:5PH3R3+PR0J3CT se complaît à brouiller les pistes. Aussi je me contenterai de dire que ces 5 Suisses pratiquent un Chaos Core hystérique, et portée sur l’expression sonore d’une certaine forme de violence.

Imaginez 4 activistes de la scène helvète, adepte d’ouverture musicale extrême, et intervenant aussi dans d’autres groupes tels que RORCAL ou KESS'KHTAK.
Imaginez leurs débuts musicaux, en 2001, orientée dans une veine ‘Emo/Expérimental/Electro’.
Prenez en compte l’arrivée d’un beugleur, courant 2002, qui participe à faire évoluer ce maelstrom vers des contrées Hard Core.
Imaginez que ces p’tits Suisses sont autant adeptes de Grind, de Black, de Death, de Doom que de Hard Core.
Et prenez surtout en compte la soif d’expérimentation sonore des Suisses, fortement orientée vers des expulsions agressives et extrêmes.
Ajoutez des concerts virulents et vivants, mélangez, secouez, retournez, pressez, étirez, déstructurez. Vous obtiendrez ‘Verse XXIV’, premier opus des LSP. Ou quand la bestialité pure s’exprime au travers d’une extrême violence sombre et chaotique, mais toujours variée.

A cette présentation chaotique et incompréhensible se substituent les 39 minutes de ‘Verse XXIV’, dont l’impact est tout aussi chaotique et incompréhensible. LOST SPHERE PROJECT s’affirme et s’évertue à donner corps à sa soif d’ultra-violence, au travers de 16 compos toutes variées, et néanmoins unifiées par la même rage sous-jacente.

Songez à ce que pourrait donner un chaînon manquant entre NASUM, CELESTE, PIG DESTROYER, RORCAL, CONVERGE et NOSTROMO, et vous aurez une vague idée de ce à quoi ressemble ‘Verse XXIV’. Mais plus qu’un patchwork de styles, chaque titre est profondément imbibé des différents styles, tout en étant suffisamment construit et varié pour ne pas être soporifique. Certains titres tirent plutôt vers la furie du Grind Core couplé à des riffs PostHxC, d’autres titres sont avant tout portés par la lourdeur Doom/Black et rehaussés par une couche Noise, d’autres enfin respirent le pur PostHxC teinté de furie Grind, le tout surplombé d’une chape d’expérimentation et de suffocation sonore.
Entre une production sèche mais claire, des guitares abrasives, et surtout un beugleur évoluant aussi bien dans les cris écorchés que les hurlements growlés, ‘Verse XXIV’ possède tous les atouts pour séduire les amateurs d’apocalypse sonore. Sans compter que le chant hurlé de Mathieu, volontairement sous-mixé, apporte un aspect suffocant et étouffant fortement appréciable.

Que de louanges, vous direz-vous. Certes, mais ‘Verse XXIV’ n’échappe cependant pas à quelques failles spacio-musicales où l’inspiration se fait plus disparate. Certains titres, notamment les plus lourds, comportent quelques longueurs, là où ces mêmes passages auraient peut-être gagnés à être accélérés. Quant aux accélérations Power Grind, elles restent parfois confuses, voire brouillonnes. Mais rien de bien méchant, en somme.

L’anti-conformisme et expérimentalisme affiché est paradoxalement fortement semblable à certains autres groupes affichant les mêmes prétentions musicales, YOG en tête. Mais n’est-ce pas aussi la faute du chroniqueur, dont l’obsessionnelle recherche de comparaisons dignes des classifications labellistiques nuit finalement à l’expressionisme sonore du groupe ? Car le but des LOST SPHERE PROJECT n’est pas d’être le plus original, mais bien de retranscrire musicalement les pulsions rageuses et haineuses qui leur sortent des tripes ; et sur ce plan ‘Verse XXIV’ est pleinement réussi, bien qu’un poil élitiste.

Impossible de ne pas succomber...
Relents Black Core. Pulsions accrocheuses. Noirceur Doom. Blasts Power Grind. Déstructurations métalliques. Lourdeur Post/HxC. Déflagration saturée. Arythmie cohérente. Bestialité primaire. Expiation sonore de la rage sous-jacente. Furie Grind Core.
Apologie de l’ultra-violence, mais avec l’énergie et les vociférations viscérales propres au Hard Core. Hystérique, rageur, extrême, sombre. Terrible.


Rédigé par : ..::Ju::.. | 15.5/20 | Nb de lectures : 10706