La tristesse est un sentiment particulier qui peut prendre parfois des formes singulières. La tristesse, ça peut être de se retrouver enfermé une semaine dans une thalassothérapie à Vichy, habillé de peignoirs blancs (quelle horreur !) et entouré de joyeux retraités avides de philosopher sur les hémorroïdes ou l’incontinence tout en buvant de l’eau ! S’il y a bien un disque qui m’a provoqué ce sentiment de neurasthénie aseptisée, c’est bien celui de LOST INSIDE. Perdu, oui probablement mais dans des couloirs pastels et au milieu des chairs flasques !

LOST INSIDE est un one man band dépressif (étonnant, non ?) qui nous vient de San Diego en Californie, ce qui expliquerait peut-être ce goût de vieilles peaux tirées. Un projet encore une fois (hélas ?) prolifique qui a réussi à sortir quatre albums en deux ans. Enfin one man, je m’avance un peu car le dénommé Kold invite des amis à lui pour tenir le crachoir. Même qu’il paraît que parfois il n’invite personne et livre des galettes entièrement instrumentales. Enfin, pour ce premier album de 2011 (car un autre est paru entre-temps !) nous avons l’insigne honneur d’entendre les hurlements plaintifs d’un des amis de monsieur Kold, le dénommé Necromorg venu d’Italie et connu pour le projet STERBENZEIT signé chez Self Mutilation Services, le label des amoureux de la vie.

Alors, perdu à l’intérieur c’est du Black dépressif et Ambient, c'est-à-dire un Black pas trop rapide, assez répétitif et enrichi d’un clavier fantomatique. C’est ce fameux Black neigeux qui vient vous engourdir de sa langueur mélancolique. Malheureusement, le premier titre m’a propulsé dans les couloirs carrelés et aseptisés de ce centre thermal. Un haut-parleur diffuse une des ces camomilles New Age et vous vous attendez à entendre une voix féminine et suave vous indiquant de vous rendre à la cabine numéro 2 après le pot de géranium afin de vous prodiguer le dixième lavement de la journée.

Avouez que ça commence mal, heureusement la suite se montre plus avenante grâce à un riff assez prenant et à un clavier apportant enfin la touche funèbre nécessaire. Hélas, malgré ce regain d’intérêt, nous allons finir englouti dans ces morceaux floconneux où les lignes mélodiques vont finir par se contempler dans leur beau miroir à tel point que l’on ne pourra plus les distinguer les unes des autres. Et, il sera bien difficile de savoir à quel titre de l’album nous nous trouvons, perdus que nous sommes dans ce brouillard blafard.

Un album quelconque que je vous invite à écouter un dimanche gris. D’abord, le dimanche est à n’en point douter la journée la plus horrible de la semaine. Combien de dimanches n’avons-nous passé à cuver en maugréant de nous être laissé prendre dans un traquenard à poivrots ? C’est à cet instant particulier, où votre bouche mastique du carton et que vos cheveux ou l’absence de cheveux deviennent un lit de camp pour fakir, que je vous invite à insérer cette rondelle triste dans votre mange-disque qui glissera aussi bien qu’un Alka Seltzer dans votre plomberie liquéfiée.

L’album pas méchant, idéal pour les lendemains difficiles…


Rédigé par : Dark Rabbit | 8/20 | Nb de lectures : 12224