“Rap Metal”. Si cette expression te défrise, tu peux d’ores et déjà passer ton chemin camarade, tout ceci n’est pas fait pour toi. Pour les autres, c’est par ici que ça se passe. Lord Nelson, je n’avais jamais entendu parler de cette personne pensais-je, jusqu’à ce que j’apprenne qu’il n’est autre que le dernier chanteur en date de Stuck Mojo, groupe aujourd’hui gentiment has-been mais qui eut son petit moment de gloire vers la fin des années 90 avec les albums « Pigwalk » et « Rising ». Lord Nelson signe ici son premier album solo en collaboration avec le groupe Lies. Lord s’occupe de tout ce qui est paroles, flow et chant tandis que Lies s’occupe de tout ce qui est musical. Et musicalement « Fight (My Struggle Between Heaven And Hell) » permet au groupe d’aborder tous les coins et recoins du Metal, grosso modo on passe de titres tout en groove à la Rage Against the Machine à un morceau riche en solo à la Maiden puis d’influence Faith No More à des sonorités que ne renierait pas un Limp Bizkit ou un Korn. Parfois, au sein même d’un seul et même morceau ce qui est assez déstabilisant. Lord Nelson semble très éclectique musicalement : rap, rock, metal, pop, tout y passe pour le meilleur et pour le pire.

Inégal et touffu sont les deux adjectifs définissant le mieux cet album. Inégal car, avec ses quatorze chansons pour une heure de musique, il y a forcément du déchet et des titres qui sentent bon le remplissage. Touffu car, comme je viens de le dire, une heure de musique c’est beaucoup et même si tout ça est totalement simple d’accès, faut se la farcir cette heure de titres assez longs et au final répétitifs malgré les diverses influences qui les composent. Le groupe Lies assure le boulot, les instruments dans les mains mais on ne va pas se cacher, la vraie nature et identité du bordel tient dans la personnalité et la présence de Lord Nelson lui-même. Qu’on aime ou pas le style pratiqué, il assure plus que bien dans la plupart des registres qu’il aborde. A l’aise lors des passages purement rap grâce à son flow énervé tout doit sorti des nineties. Tranquille quand il s’agit de partir en slam voire en spoken word et nickel quand il s’agit de s’attaquer à un chant plus classique, mélodique et clair. Ce monsieur possède un organe de qualité et s’en sert fort à propos tout au long de ce premier album.

Pas exempt de défauts, loin de la même, on peut citer des compositions plutôt moyennes, une production sans identité et assez faiblarde, une musique datée et une longueur beaucoup trop conséquente, « Fight » se rattrape aux branches et choppe la moyenne grâce à deux grosse qualités : un effet Madeleine de Proust non négligeable. Ecouter « Fight » c’est repartir une bonne quinzaine d’années en arrière, quand Limp Bizkit étaient les rois du Monde et que les premiers albums de Lofofora, Oneyed Jack et No One Is Innocent tournaient en boucle dans mon lecteur cassette. Ecouter Lord Nelson c’est retrouver tout un tas de sensations aujourd’hui désuètes et couvrir son cerveau d’un baggy. La deuxième c’est l’impression de fourre-tout qui se dégage de l’album et qui rappelle aussi bien Henry Rollins, Faith No More, le premier Deftones et tout un tas d’autres albums de même style. Puis Lord Nelson maîtrise son art et ses cordes vocales. Le problème c’est que cet album n’est pas né à la bonne époque et s’avère trop rigide et pas assez funky comme savaient l’être les grands albums de style. Une petite série B rap metal qui respire l’honnêteté et l’envie d’un mec de faire la musique qui lui plaît et d’envoyer paître tout le reste.


Rédigé par : Seb On Fire | 12/20 | Nb de lectures : 12335