Bukkake est un mot japonais désignant certains plats de nouilles sur lesquelles est versé l’accompagnement (le bukkake-udon ou bukkake-soba, par exemple). Franchement, je ne sais pas ce qu’ont fumé ces trois Espagnols, mais prendre le nom d’une spécialité culinaire japonaise, c’est d’un bidon… Vous imaginez « Hailz, on s’appelle Sushi et on joue du satanik black metal » ?
Comment ? Pardon ? Quoi ? Aahh merde, on me glisse à l’oreille qu’en fait, le bukkake, c’est une pratique sexuelle qui consiste en un groupe d’hommes qui se masturbe avant d’éjaculer chacun son tour sur le visage d’une jeune fille innocente et consentante (ou pas). Je me disais bien, c’est con d’avoir un nom de nouille quand on joue du doom/sludge. Originaire de Barcelone, les trois branleurs ont formé leur groupe en 2003, et ont à leur passif deux longs métrages, ainsi qu’un court (en durée, hein). C’est le label circoncis Total Rust qui sort ce deuxième méfait.

Les mecs sont des gentlemen, avant d’y aller franco, ils proposent quelques préliminaires basés sur des dissonances de guitares, sans distorsion, un peu dérangeantes. Par contre, une fois terminées, ils font leur affaire à la suite, sans plus de considération. Quatre fois en quarante minutes, s’ils sont plus performants que la moyenne européenne en termes de durée, l’exploit vient du fait que les actes se succèdent sans véritable temps mort. Il faut dire qu’ils ont un rythme pas trop violent, et notamment le batteur, qui impose un tempo plutôt moyen. Alors effectivement, il accélère le rythme par moments, donnant un coup de poignet plus vigoureux, mais pas de quoi hurler à la cuniculture. Globalement, on hoche mollement mais sûrement de la tête en attendant que ça vienne. Le bassiste semble bien monté, tant son organe est rond et gras. Le guitariste mène les ébats avec des leads et des menus solos. Un moins gros manche que le bassiste, et voilà qu’il en fait un peu plus pour compenser. D’ailleurs, il lui arrive d’expérimenter des parties, de tester des positions nouvelles. Le chanteur, lui, par contre, semble bien énervé. Poussant des grognements agressifs, on sent une vraie colère et une frustration difficilement contenue.

Au final, LORDS OF BUKKAKE a un peu le chibre entre deux visages. Trop propre pour satisfaire les cochonnes amatrices de sludge, mais en même temps un peu trop sale pour les saintes nitouches du doom, les acteurs espagnols naviguent difficilement entre deux jutes. C’est dommage, parce qu’avec de tels attributs, si le groupe avait choisi un genre ou un autre, on aurait pu se retrouver avec soit une valeur sûre du bukkake classique, soit avec un bukkake forcé de toute beauté, avec supplément gokkun. Mais c’est vrai qu’à trois, un bukkake est toujours un peu frustrant, que ce soit d’un point de vue du spectateur ou du point de glotte de la victime. Encore un peu d’entraînement, et la prochaine séance risque de coller bien plus.


Rédigé par : Skay | 13/20 | Nb de lectures : 14863