Même sans avoir jamais foutu un pied là-bas, pas besoin de faire beaucoup d’efforts d’imagination pour deviner combien la toundra enneigée canadienne doit ressembler aux étendues désertiques de la pointe extrême Nord de la Scandinavie, avec toute l’inspiration qui va avec. Donc après le black-metal (GRIS, FORTERESSE, MONARQUE et en gros toute l’écurie Sepulchral Productions), voilà que nos cousins québecois s’attaquent désormais au funeral doom, propriété quasi-exclusive de la Finlande.

Enfin s’attaquer, le mot est grand vu que cela fait presque sept ans que LONGING FOR DAWN a lancé son convoi funéraire. Mais surtout, le groupe vient d’effectuer, en compagnie des Australiens de MOURNFUL CONGREGATION, la première tournée européenne de son histoire. Pour anecdote, la première date, organisée par les petits gars d’ATARAXIE, a d’ailleurs eu lieu de par chez nous à Rouen le 10 avril dernier. Tout cela pile-poil au moment de la sortie de son troisième opus ‘Between Elation and Despair’ dont le principal avantage est aussi son plus gros défaut, à savoir son égale réussite mais aussi sa giga-ressemblance avec les deux qui l’ont précédé…

Niveau style, LFD fait donc bien attention à rester dans les clous: pas d’avant-gardisme, ni de chant féminin ou encore moins de réelle surprise, surtout pas malheureux! Non ici, les canons du genre sont plus que simplement respectés : on y adhère de façon quasi-fanatique. Donc l’addition est en gros sans surprise : morceaux ultra longs (entre neuf et seize minutes), tempo qui ne varie que peu si ce n’est pour débrayer du super lent au super-super-mais-alors-là-vraiment-super-lent, chant guttural et ambiance plombée à l’extrême qui plane tout le long de ces cinquante-deux minutes de souffrance comme un nuage atomique au-dessus de Tchernobyl. En fait, si intérêt il y a dans ce groupe, il faut aller le chercher à la lampe torche et tenue de spéléologue car il est bien planqué dans les recoins, quelque part entre deux couches de triple-gras avec plein de matière grasse ajoutée et dans ses parties ‘ambient’ pour être exact.

La particularité du groupe tient en fait dans le CV de son leader, Frédéric Arbour, chanteur/guitariste de son état mais surtout patron du label Cyclic Law qui, depuis 2003 environ et à l’instar de Cold Meat Industry en Suède, distille la crème de la crème de la dark-ambient, avec notamment comme fait d’armes des albums de SOPHIA et ARCANA. Monsieur s’y connaît donc lorsqu’il s’agit d’envelopper l’auditeur d’un manteau discret et imperméable à la lumière de sonorités claustrophobes. Et c’est donc particulièrement dans ces moments précis, lorsque LONGING FOR DAWN se prend pour STEVE ROACH par exemple comme sur l’intro de « Reflective », que sa noirceur intrinsèque prend alors une tournure plus poignante et envoûtante. Mais en mode ‘metal’, aussi réussi et pesant comme il faut que soit le résultat, cela n’arrive quand même pas à la cheville des derniers MOURNFUL CONGREGATION justement (‘The June Frost’) ou COLOSSEUM (‘Chapter 2 : Numquam’), champions incontestés de la réfrigération express de ces douze derniers mois. Peut-être qu’en redistribuant les cartes et laissant plus de champ libre aux parties strictement atmosphériques le groupe y gagnerait-il au change ?! Après trois albums réussis mais trop conventionnels, il est en tous cas temps de voler de ses propres ailes petit Padawan!


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 13/20 | Nb de lectures : 10324