Elle est chouette, notre scène française. Être capable d’évoluer dans un style particulièrement vaste et saturé, tel que le Metal/Hardcore, de mettre en application tous les poncifs habituels tout en révélant sa propre identité, voilà le défi révélé par LOKURAH. Avec succès.
Influences diversifiées pour un résultat coloré, métissé. Puisant dans divers styles métalliques, Death, Thrash et Metalcore en tête, LOKURAH a su s’affranchir de la facilité et des écueils de débutants pour accoucher d’un second album franchement attractif.

A l’instar de groupes comme OBNOXIOUS ou LIVARKAHIL, le groupe parisien occulte de son approche musicale le respect drastique des codes, ou l’application scolaire d’un style. Evoquant sporadiquement MACHINE HEAD, THE ARRS, SLAYER, ARKANGEL, ou HATEBREED. Brassant et associant Thrash, Hardcore et Death Metal.
S’inspirant du Death pour l’agressivité parcimonieuse et certains riffs, délaissant les growls et les blastbeats. S’inspirant de l’énergie ultra-communicative et des riffs mélodieux du Thrash, délaissant l’extrémisme et le côté old-school. S’inspirant du groove et du chant hurlé du HardCore, délaissant l’aspect répétitif et les symboliques conceptuelles. S’inspirant également de la modernité du MetalCore et des mélodies imparables du MeloDeath, délaissant la facilité.

Le résultat se nomme "The Time to do better", et démontre avant tout une facette énergique, racée et headbanguante. LOKURAH n’hésite pas à varier rythmes et riffs au sein d’un même morceau, alternant ainsi rapidité efficace, accélérations et changements de rythmes pertinents ou mid-tempos catchy.

Mais, là où LOKURAH excelle, c’est dans cette aptitude à diversifier son mode d’expression, accordé pourtant à l’unisson sur l’aspect accrocheur.
Qu’il s’agisse des mid-tempos hargneux, des accélérations ou des quelques blastbeats, toutes les variations rythmiques se mettent au service de l’efficacité finale.
Il en va de même avec les riffs, où les cavalcades Thrash et l’agressivité du Death s’unissent dans une logique implacable. Ponctuées de mélodies racées et de soli éclectiques, permettant une assimilation rapide des morceaux.

Le gros travail effectué sur la composition, et les riffs en particulier, paye, puisque tous les titres de The Time to do better" se différencient et se démarquent, affichant leurs différences, mais demeurant liés malgré tout à une logique d’ensemble, une cohésion musicale.
Et cette diversité des morceaux n’est pas juste une tournure stylistique illustrant de menus changements de rythmes, mais bien une vraie raison d’être avec LOKURAH.

Pourtant, en dépit de tous ces compliments, je trouve que The Time to do better" manque de relief, ou de personnalité. En réalité, l'album s’écoute et se dévoile avec force et attractivité, mais sans (me) laisser de traces particulières. Peu évident à exprimer, cette subtilité subjective est à double tranchant : d’une part, un album puissant, varié et réellement accrocheur. D’autre part, un sentiment de creux, de vide après l’écoute.
Je me réécoute avec entrain l’album, plus pour me prendre une bonne mandale que par pur plaisir instinctif. The Time to do better" ne provoque en moi aucune addiction, ne marque aucune jouissance intérieure, "juste" un plaisir simple et fugace. Ce qui est déjà pas mal, vous en conviendrez...

Cette absence de relief ou de réelle personnalité est totalement subjective et subtile, car finalement je n’ai que peu de griefs à exprimer à l’encontre de The Time to do better". La musique pratiquée est excellente, bien construite, bien pensée, et totalement énergique. Peut-être est-ce l’omniprésence des mid-tempos (pourtant diversifiés) a eu raison de ma capacité d’accroche sur le long terme.
Le groupe n’est pas à blâmer, il s’agit simplement de mes velléités subjectives à l’encontre des albums misant trop sur le groove du Thrash au détriment de sa rapidité.
Car LOKURAH fait le boulot, avec talent. Et porté par une énergie et une efficacité réelles, et implacables.
Un groupe qui doit à mon avis cartonner sur scène...


Rédigé par : ..::Ju::.. | 14,5/20 | Nb de lectures : 14017