Il est assez rare voire surprenant de recevoir, en même temps qu’une démo, une fiche technique présentant la liste complète de l’instrumentation qui a servi à sa conception. Du style, Logruss, comment ça marche ? De la console 24 pistes en passant par la description précise de chacun des fûts de la batterie, des modèles de basse, guitares, claviers, micros et diverses pédales d’effets compresseur ou reverb, rien ne manque. Une véritable checklist ! Originaire de Nancy, ce quintet remporte au moins la palme de l’originalité de la présentation et de l’auto promo. C’est déjà ça.
Le nom « Logrus » s’inspire du Cycle des Princes D’Ambre. Pour ceux qui ne connaissent pas l’univers dense, sombre et onirique de Roger Zelazny (1937-1995) et de ce monument de la littérature heroic-fantasy, je vous conseille de vous y plonger sans tarder. Mais, si vous n’avez pas lu ce chef-d’œuvre, sachez que le Logrus représente un labyrinthe en perpétuelle transformation qui serait l’essence même du chaos. Celui qui parvient à s’extraire de ce piège en ressort changé à jamais.
Côté musique, le propos se veut donc tortueux et hybride et s’inscrit dans la nouvelle génération métal actuelle, c’est à dire ambitieuse mais casse gueule si elle n’est pas maîtrisée. Dans les faits, le métal progressif revendiqué par les Lorrains est sombre, retors et à géométrie variable. Il emprunte autant à Dream Theater qu’à certaines formations black metal ou ambiant comme Tool. Les contours brumeux de certaines compositions ne permettent pas de se repérer avec facilité dans le propos des Lorrains et l’on navigue donc à vue.
Le chant est en français mais comme il est souvent « masqué » par les growls et sous-mixé, il en est peu audible. L’inconvénient d’une démo, c’est que le groupe veut convaincre dès le premier jet. Il est donc possible que désirant mettre le maximum d’éléments en 6 titres seulement - fussent-ils étirés - il n’y parvienne que rarement. D’où ce sentiment de confusion à la fin des 39 minutes d’écoute.
Mais soyons indulgents car ce n’est qu’une démo (6 tires et 39’) avec toutes les imperfections que le manque de moyens rend inévitables et encourageons les pour la suite.


Rédigé par : Karadok | / | Nb de lectures : 11443