LODGES - See God (Closed Doors) - 11/11/2015 @ 08h54
Autant le dire tout de suite, LODGES est un groupe sous évalué, sous côté. Un groupe qui ne possède ni la reconnaissance, ni le statut ni le succès qu’il mérite. Tel Ikki le Chevalier du Phénix, LODGES naît sur les cendres encore fumantes et chaudes de feu Donkey Punch. En gros, on prend les mêmes et on recommence un tout nouveau projet, plus adulte, plus mature, plus mûr, plus sûr de ses qualités aussi. Toujours comme Ikki, transformé après son passage sur l’Île de la Reine Morte, LODGES est sorti grandi, plus affûté et plus conscient de son pouvoir après cette renaissance indispensable. Plus insaisissable aussi, dans un univers musical où on aime bien mettre des petites étiquettes et classer les groupes dans des cases, LODGES aime à se jouer de tout ça et à mélanger les styles, bon on va un peu se calmer, ça reste « du hardcore » (gros guillemets avec les doigts) et pas du post dronezouk indie hopdown mais tout de même, ce nouveau disque brouille quelques peu les pistes et surprend les oreilles. Mais en bon Jacouille musical, pisteur pas très gracieux et accompagnable, mais rusé et qui renifle bien les pistes, je me lance à leur poursuite.

Les parisiens sont une sorte de Werner Herzog musical, un type un peu étrange, hyper talentueux mais que personne ne sait vraiment comment appréhender et qui ne trouve sa place nulle part. Un pied dans le cinéma commercial, l’autre dans l’intransigeance du film d’auteur et la tête dans le documentaire, le tout porté par une farouche indépendance. Un type qui fait ce qu’il veut en gros. LODGES, toutes proportions gardées, c’est un peu ça aussi. Cette volonté d’indépendance, s’exprime par la création de leur propre label, ironiquement baptisé « Closed Doors Records » afin de sortir ce nouvel album. Parti d’un hardcore minimaliste enrobé de crust, de Holy Terror et de powerviolence, les voilà qui donnent aussi dans un hardcore métallique aux tonalités rock grunge nineties et toujours de Holy Terror parce qu’on reste toujours fidèle à ses racines. Ils n’ont pas construit sur rien, ils se sont basés sur leur précédents e.p pour n’en garder que le meilleur et pousser plus loin dans une direction déjà esquissée sur celui-ci et sur le morceau « Swarm » notamment qui marquait des points par ses velléités mélodiques et cette petite voix claire que l’on sentait poindre comme le duvet sous le nez d’un post adolescent. Ces quelques poils que l’on exhibe fièrement se sont transformés en une belle barbe bien touffue, drue et soyeuse à la fois, comme leur musique en fait.

Rien qu’au niveau de la production, on sent l’évolution, plus claire et plus nette, plus précise, elle fait honneur aux compositions et se démarque des milliers d’albums du style avec un « son à la Francis Caste » ou de la surcompression made in « Production Young ». Cette production leur sied parfaitement car elle embrasse la direction prise par la musique, moins de blabla, plus de dépouillement, de simplicité. On va droit à l’essentiel. Ça s’entend au niveau du jeu de batterie hyper efficace sans pour autant foutre des roulements ou des blasts tous les 3 temps. On est là, propre, on donne le rythme et on se met au service du groupe. Ce constat peut s’appliquer à chaque instrument.

Globalement, LODGES ne cache pas ses influences, on pense beaucoup à des groupes comme Life Of Agony, Only Living Witness ou Vision Of Disorder, ces groupes qui au milieu des nineties n’avaient pas peur de claquer des pures voix claires au milieu de titres hardcore histoire de prouver que la mélodie pouvait être hyper virile. Et oui, LODGES franchit le pas et se lance dans la voix claire, une évolution naturelle et une manière d’exploiter à fond l’une des meilleures voix de la scène parisienne. Ça aurait été du gâchis de ne pas exploiter au mieux le gosier plein de miel d’Olivier. Un morceau comme « Trainwreck » par exemple, sonne pratiquement comme du Alice In Chains ou du Type O Negative avec une voix de petit angelot tombé des cieux. C’est le morceau qui va le plus loin dans la composante « rock » du groupe sans pour autant oublier de sortir ses muscles quand il le faut. Sans aucun doute c’est aussi l’un des moments très forts d’un album qui n’en manque pas.

Parmi les autres moments forts on pourra mettre en exergue des morceaux comme « Will To Live », « The Gift » ou « Crocodile Tears », titre musclé, metal avec une grosse moshpart à la Shattered Realm mais en plus intelligent, avec une basse à la Kickback (une basse au son impeccable de bout en bout d’ailleurs). L’occasion pour les parisiens de montrer que même si on chante, on peut encore casser quelques têtes au passage. La dernière minute est vraiment sale et lourde. « See God » est un album varié sur lequel le groupe se diversifie mais sans s’éparpiller pour autant, chaque morceau est guidé par un fil rouge bien déterminé que le groupe suit scrupuleusement tout en s’autorisant quelques digressions en cours de route. Si l’ensemble du disque semble plus aventureux, chaque titre, lors des premières écoutes parait plus simple, plus dépouillé, moins ambitieux et alambiqué que ce que faisait LODGES par le passé. Les écoutes répétées et successives vont prouver le contraire. On n’est pas dans la simplicité mais plutôt dans l’évidence, chaque chose à sa place, là ou elle doit être au moment où elle le doit. Comme un film de John Carpenter en fait, la mise en scène ne saute pas aux yeux mais elle est implacable, totalement maîtrisée et toute entière tournée vers la réussite du projet global. Avec « See God » on est là.

« See God » pousse au loin ses limites mais respecte à chaque instant ses racines hardcore. Un album d’ouverture vers de nouveaux horizons plus rock, plus mélodieux mais qui, dans le même temps, envoie les passages les plus durs jamais composés par les parisiens. Chaque partie chantée est impeccable et apporte un vrai plus au morceau. Ils font partie intégrante de la composition et pas utilisés comme un gimmick répétitif. Il est là parce qu’il doit être là, si les morceaux n’en ont pas besoin, il n’y en n’aura pas. Un beau disque pour les rois maudits de la scène parisienne. Quoi qu’il en soit, maudit ou pas, « See God » est un disque qu’il faut écouter et LODGES est un groupe qui doit être couronné : Longue Vie à Notre Sire ! Longue Vie a Not’ Sire !



Du son - 76 téléchargements


Rédigé par : Seb On Fire | 16.5/20 | Nb de lectures : 8819




Auteur
Commentaire
CromCruach
Membre enregistré
Posté le: 11/11/2015 à 12h13 - (118618)
Bof, bof : le chant clair est horrible. Mais le son terrasse pas mal.



Burn
IP:82.66.214.120
Invité
Posté le: 11/11/2015 à 14h41 - (118619)
Le chant clair est impeccable, comme tout le reste...

CromCruach
Membre enregistré
Posté le: 11/11/2015 à 15h29 - (118620)
Faut aimer quand ça pleurniche.

Seb On Fire
Membre enregistré
Posté le: 11/11/2015 à 17h42 - (118624)
"Ça pleurniche", comme ça y va.

djabtrash
Membre enregistré
Posté le: 11/11/2015 à 23h33 - (118627)
Très bonne chro', très bon disque, j'aime beaucoup cette évolution.

16/20



Gus
IP:82.250.132.63
Invité
Posté le: 12/11/2015 à 10h58 - (118634)
Album hyper cool, achat obligatoire pour moi !

Velvet Kevorkian
Membre enregistré
Posté le: 12/11/2015 à 19h12 - (118644)
J'aimais bien la musique jusqu'à ce que je voie comment ils s'habillent.

Plaisanterie mise à part, j'aime beaucoup? Puissant, gros son bien velu et l’alternance entre les types de chant est vraiment bien. Futur achat.

Dichael
IP:176.149.41.57
Invité
Posté le: 13/11/2015 à 12h45 - (118656)
On essaye de ramener les maillots de corps sur le devant de la scène en fait.

Velvet Kevorkian
Membre enregistré
Posté le: 13/11/2015 à 22h12 - (118662)
Zavez raison, les chemises c'est so 2014 de toute façon.

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