A peine quelques mois après la sortie européenne inespérée de leur fameux live au Japon, voici que Feto records continue sur sa lancée en nous prodiguant une piqûre de rappel salvatrice avec la réédition des deux albums de LOCK UP sur une seule et même rondelle additionnée comme il se doit du bonus indispensable qui se résume ici à un unique titre « We are Satans Generation ».

Bien entendu on pourrait débattre pendant deux plombes du bien fondé d’une telle réédition alors que les albums en question ne sont pas, à proprement parler, de véritables antiquités introuvables mais ça ne remettrait pas en question le caractère vital de « Pleasures Pave Sewers » ou « Hate Breeds Suffering » qui sont deux véritables joyaux.

Pour ceux qui l’ignoreraient encore LOCK UP est le super groupe regroupant quelques stars du métal extrême à savoir Shane Embury, Jesse Pintado et Nick Barker (faut-il que je présente encore ces augustes musiciens ?). Le chant, quant à lui, étant assuré par Peter Tägtgren qui céda, par la suite, sa place à Tomas Lindberg.

Loufi ayant déjà traduit avec un article concis toute la dévotion imputable au somptueux « Hate Breeds Suffering » je me contenterai de vous causer de « Pleasures Pave Sewers » premier album et de cette compilation sur un plan plus général.

C’est en 1998 au cours de soirées fortement alcoolisées que le trio Embury, Pintado, Barker se retrouve à deviser sur l’essence même du mouvement extrême, sur les jours anciens et sur la fraîcheur perdue de tout un genre. De ces conversations que naît le projet LOCK UP, un groupe qui devra enregistrer un album à budget très réduit. Shane et Jesse se collent au travail et à peine quelques sessions plus tard, le groupe est prêt à immortaliser quelques 13 titres composés dans une hâte volontaire. Pour l’anecdote les prises de son se feront en une seule prise et l’album sera enregistré en l’espace de deux jours histoire de conserver un maximum de spontanéité. C’est à ce moment précis que le trio propose à Peter Tägtgren de palier au rôle de brailleur en chef. Il respectera d’ailleurs l’idée d’urgence en enregistrant toutes ses parties de chant en une seule et unique journée.

Et voilà donc « Pleasures Pave Sewers » dans toute sa virulence, dans toute son impulsivité mâtinée de NAPALM DEATH et de TERRORIZER aux relents punk. LOCK UP incarne sur cette galette toute la fougue qu’on pouvait trouver dans les balbutiements du death metal comme du grindcore. Les titres sont courts, directs, les riffs nerveux, simplistes mais ô combien accrocheurs et, tandis que le père Barker martyrise fûts et cymbales, Tägtgren prodigue sur ce disque l’une de ses meilleures performances vocales à ce jour.
Même si je dois avouer une certaine préférence à « Hate Breeds Suffering » plus proche de NAPALM et TERRORIZER par le chant déchirant de Lindberg comme par la vitesse spectaculaire de ses compos, ce premier album de LOCK UP fait partie des intemporels du grind devenus des classiques du genre.

Feto records a donc eu une excellente idée de nous prodiguer cette réédition. Cependant, je me dois de souligner quelques détails gênants. Je conçois parfaitement les raisons qui ont poussé Feto records à intervertire l’ordre de sortie des albums de LOCK UP. Placer « Hate Breeds…» sorti en 2002 avant « Pleasures…» ne me pose pas de problèmes mais que dire de l’inversion des titres d’albums au-dessus des track lists sur l’arrière du boîtier ? Idem pour l’orthographe du nom de Tägtgren qui se retrouve amputé d’un G. Sans parler du livret émacié qui aurait mérité d’être plus garni comme c’est toujours le cas pour les rééditions d’importance.
Quant au titre bonus, il s’agit de « We are Satans Generation » une reprise d’IMPALED NAZARENE qui était déjà présente sur l’édition japonaise de « Pleasures ».

Aussi douloureux que cela soit à dire, ce « Violent Reprisal » a un parfum de travail bâclé, torché à l’arrache. Sans vouloir être tatillon, je pense que LOCK UP aurait mérité un hommage plus respectueux et moins désinvolte. Maintenant il s’agit là d’une véritable tranche de l’histoire du grind hautement recommandable même si le live au Japon dont je parlais en début d’article supplante les versions studio.

En résumé, je dirais simplement que si vous n’avez qu’un seul disque de LOCK UP à acheter, autant diriger votre choix vers le « Live in Japan » mais autant vous dire qu’à l’instar du cochon, dans LOCK UP tout est bon…


Rédigé par : Tonton | Réédition de futurs classiques/ | Nb de lectures : 11463