En attendant le premier groupe de metal sud-africain qui inclura inévitablement un chœur de vuvuzelas à une base black-death hautement originale, vous pouvez trouver chez les Espagnols de LLVME une caution culturelle pour redorer votre réputation auprès des proches qui vous prennent encore pour un égorgeur de poule adorateur de Satan.
Comment, en effet, votre auditoire ne pourrait-il pas s'esbaudir devant la richesse de votre discours expliquant l'attachement viscéral de ce groupe de Salamanque à la culture régionale de la Province du Leon, une formation audacieuse qui joue la carte identitaire jusqu'au bout en écrivant ses textes dans l'ancien dialecte provincial. A ce stade, laissez planer quelques instants afin de vérifier que tout le monde est suspendu à vos lèvres et lancez sur un ton sentencieux : Llume signifie bien sûr lumière dans la langue du royaume de Leon, le « v » de Llvme n'étant qu'une fioriture morphologique dont la dérivation souligne bien l'aspect subversif du projet.
Si vous avez assuré, la suite ne sera plus qu'une formalité. Assénez le coup de grâce en révélant soudain les racines Pagan de cette musique. Oui mon incrédule ami, le pays Pagan s'étend bien des rives bretonnes jusqu'au cœur historique du Leon. Lancez alors la première piste du CD et observez le visage médusé des auditeurs qui découvrent un air de cornemuse en guise d'introduction. De cornemuse? Que nenni camarade. Allumez une cigarette, croisez les jambes et déclarez d'un ton docte : il s'agir vraisemblablement de ce type de cornemuse originaire du Portugal et plus connue dans la péninsule ibérique sous le nom de Gaita-de-foles. D'ailleurs la vibration si caractéristique de son bourdon ne permet pas la confondre avec son homologue celtique, mais n'ergotons pas, seuls les spécialistes du folk-metal seront attentifs à ce détail.
Suite à cet épisode, vous passerez désormais pour un insupportable parangon de pédantisme mais au moins personne n'osera plus vous défier à l'édition Pagan metal du trivial poursuit. Puis vous passerez moins pour un con quand vous sortirez la première démo de votre groupe de brutal black provencal « Lou fio de la cigalo » ce qui ne veut strictement rien dire mais fait vachement local.

Rien d'autre à ajouter sur le premier album du groupe ? Ben pas vraiment non. En dépit de cette identité très marquée la musique du groupe a quelque chose de franchement convenu. Autant la prod que les compos renvoient vers ces dizaines de groupes qui remplissent les samplers promo avant de retomber mollement dans l'oubli. Rien de honteux dans les huit morceaux qui composent l'album mais rien qui n'arrache autre chose que des bâillements. Disons qu'il y a toutefois de bons moments, notamment quand le tempo ralentit pour laisser place aux violons et aux ambiances folk, ou quand il accélère franchement au contraire sur quelques passages black où le chanteur délaisse ses grognements animaliers pour une série de cris haineux certes très familiers mais bien plus convaincants.
Il y a suffisamment de bons groupes dans le genre actuellement (Skyforger, Moonsorrow, etc.) pour que vous n'encombriez pas votre discothèque avec des albums au mieux sympathiques, au pire lénifiants.




Rédigé par : #Guillaume# | 11/20 | Nb de lectures : 12336