Que voici un drôle de groupe et un non moins étrange album !

D’ailleurs, plus qu’un groupe, Lis Er Stille est davantage un collectif (pratiquement inconnu en France) où chacun est à sa place. Formé dans la ville danoise d’Arhus en 2004, il est l’auteur de 2 albums : "The Construction of The Amp Train" (2006) et "Apathobvious" (2007).

Au vu des influences affichées diverses et fluctuantes, on pourrait croire qu’à l’instar de nombreuses autres, le groupe emboîte le pas des formations pop rock atmo à la limite du progressif sans l’avouer ouvertement comme Sigur Ros (sur l’intro "All The Blood"), Muse ou Arcade Fire. Ce serait aller un peu vite en besogne.

D’autant qu’en fouillant davantage dans les entrailles de la bête, on y découvre des facettes insoupçonnées comme du franc et bon rock prog, une certaine grandiloquence propre à la musique de film - fût-elle sombre - ("Send In The Scouts"), quelques égarements « métalo-progressifs » et même un post rock classieux du plus bel effet.

Et si le groupe utilise quelques artifices bruitistes pour habiller un propos souvent planant (Bonjour Pink Floyd !) sur les titres les plus longs comme "Shards Of The Ending" ou "The Painted" -12 minutes environ chacun - c’est toujours avec à-propos et sans le désir gratuit mais inutile de pratiquer l’art facile du remplissage.

Le faux instrumental "Recolling The Color" étonne par son intro au piano mélancolique avant de virer à la farandole endiablée soutenue par une polyrythmie efficace que l’on retrouve parfois dans le post rock un brin chiadé. Et pour finir par un chant élégiaque et habité que n’aurait pas renié Matthew Bellamy. Epatant morceau de 9min34 !

4 titres très courts – de 25 secondes à 1 minute 13 – apportent calme et repos entre le déferlement d’autres plus enlevés et sonnant comme la charge d’une tempête dont on entrevoit que difficilement l’issue et qui est à chaque fois sujet d’étonnement ("Shards Of The Ending").

Envoûtante, mystérieuse et pleine de surprise – et notamment grâce au chant tourmenté – la musique de Lis Er Stille a largement de quoi vous tenir en haleine durant ces 66 minutes. Voilà un groupe qui ose s’affranchir de bien des conventions pour nous offrir un post rock progressif de haute volée. Rien moins que la baffe que nous désespérons souvent de recevoir et qui nous fait du bien !


Rédigé par : Karadok | 16/20 | Nb de lectures : 12572