Inutile de vous faire subir un quizz, ce nom de groupe doit vous rappeler quelque chose.
Allez, on se gratte la caboche 3 secondes. Voilà, ça y est ? Pas encore ? On cligne un œil, on se mord la lèvre inférieure et hop ! Bingo ! Oui, il s’agit bien du légendaire LTE et de 3 de ses ex-membres : Portnoy /Rudess/Levin. Auraient-ils repris du service avec un line-up réduit ? Pas du tout ! Ce LTE-là est le LTE de 1997 sans Petrucci retenu par des obligations familiales mais rebaptisé LTrioE et non plus LTensionE. C’est le « Trio » qui fait toute la différence.

Petit come back : octobre 1998 - Alors que le quatuor est réuni au Milbrook Sound Studios de New York afin de donner une suite à LTE1, Petrucci est appelé d’urgence pour assister à l’accouchement prématuré de Madame. Les trois compères restants, en bons professionnels qu’ils sont, au lieu de repeindre les murs ou de changer la moquette, décident de faire ce qu’ils aiment par-dessus tout, improviser !

Pour de telles pointures ce n’est pas un souci mais il manque un gratteux. Qu’à cela ne tienne, ils vont « s’amuser » à développer des thèmes où la six cordes n’est pas indispensable. De quoi former un éphémère power trio de renom selon la même structure que Niacin (Sheehan-Novello-Chambers) autre ténor du genre. (Avec beaucoup moins de réussite comme on va le voir plus loin).

Et comme l’ingénieur du son Chris Cubeta s’ennuie aussi, il ouvre ses manettes et enregistre. On ne sait jamais, ça peut toujours servir. Il ne croyait pas si bien dire. Le label Magna Carta jamais en panne d’idées neuves (!) même à retardement nous propose – un peu moins de 10 ans après l’événement - de découvrir ce qu’il nous a « jalousement caché » durant toutes ces années. En fait, ce serait Portnoy qui en aurait eu l’idée. Fumeuse pour le coup !

Venant de Magna Carta, on se pose toujours la question de l’opportunité d’une telle sortie. S’agissant d’une jam non officielle faite comme ça, sans préparation et malgré le niveau des protagonistes, les conditions nécessaires à la réalisation d’un véritable album ne sont pas réunies. Les morceaux n’ont pas été répétés - et pour cause - travaillés suffisamment pour être aboutis. Un exemple de ce déséquilibre ? La batterie est très en avant. Trop. Portnoy lâche ses coups sans vergogne sachant qu’aucune guitare saturée ne viendra lui faire de l’ombre. Ce qui donne le sentiment d’une séance d’exhibition sans véritable objectif. Et on lui fait confiance pour remplir l’espace sonore. On aurait pu du coup renommer ce disque Drum Nation épisode 4, 5 ou 6.

Rudess semble en dedans ou en deçà de l’évènement. Ses claviers manquent de souffle. Motivation en berne ? Improbable pour un musicien de cette trempe. Instrument mal ou sous mixé ? Peut-être. Seul Levin joue juste. Ni trop fort, ni en deçà du rythme et du ton qu’impose cette configuration de trio jazz rock prog. Et encore. Sur le titre d’ouverture "Chris And Kevin's Bogus Journey" (7min54), il nous gratifie d’emblée d’une ligne de basse déconcertante (simpliste ?) qui ne laisse rien présager de bon.
Non, sincèrement, j’aime beaucoup Portnoy, Rudess et tiens, même Levin mais là, les entendre se masturber les méninges, faire du bruit, se livrer à des expérimentations approximatives, produire des sons incongrus, pour une cacophonie générale sans queue ni tête d’où n’émerge rien de consistant pendant près de 80 minutes m’est insupportable.

Alors, à qui s’adresse donc pareil objet ? A part les collectionneurs de bizarreries, les inconditionnels pas trop exigeants sur la qualité, je ne vois pas bien qui d’autre pourrait être intéressé. Pas les mélomanes en tout cas. Peut-être que les fous de techniques se sentiront concernés. Et encore. Moi, je passe mon tour et je ne dis pas merci à Portnoy qui fût mieux inspiré ni à Magna Carta qui ne sait plus comment se faire remarquer. Ce « spontaneus combustion » vire au « tremendous waste », rien de moins !

Plus intéressant, mais réservé aux veinards qui traîneront leurs guêtres du côté de Bethlehem en Pennsylvanie au mois de juin 2008. Ils auront la chance de voir le quartet reformé pour célébrer les 10 ans du Nearfest. Et là, pas de doute, ça va déchirer. On se calme tout de même car à l’heure actuelle il n’est pas encore question d’un LTE3. Mais les réunions d’anciens partenaires ont ceci de particulier : elles suscitent parfois l’envie de reprendre du service. On va donc guetter de près les échos de cette réunion …


Rédigé par : Karadok | 06/20 | Nb de lectures : 10536