Ceux qui ont frissonné à la sortie de "Moon in the Scorpio" et de "In Abhorrence Dementia" n'ont pu que réagir à l'annonce de la reformation de Limbonic Art. D'ailleurs, ceux qui n'ont pas frissonné ont probablement réagi aussi ! Qu'on soit dans le camp des "ah merde" ou des "ouais super", ce projet norvégien ne laisse pas indifférent les auditeurs de la scène extrême. On s'en doutait, Limbonic Art ne revient pas pour donner des concerts (tant mieux) mais pour un nouvel album studieux. Cinq ans après "The Ultimate Death Worship", vers où allait se diriger le duo ?

Hé bien, le démarrage de "Legacy of Evil" est sans équivoque. Si vous rêviez d'un retour à la grandiloquence des débuts, aux intermèdes pompeux avec des samples, vous allez pouvoir retourner travailler dans votre mine de sel. Limbonic Art revient à sa dernière époque, restant bourrin en gardant le même son. Dès les premières secondes, la BAR est lancée à fond les ballons. Ca bastonne pendant que les comparses tronçonnent les riffs sur leurs guitares. Les synthés sont bien là mais se contentent majoritairement d'appuyer tranquillement les guitares dans un album finalement très rythmique. Le durcissement du ton chez Limbonic Art m'avait un peu décroché du groupe. Autant dire que je ne trouve pas forcément mon compte dans tout ça.

Mais il reste bien quelques mises en place d'ambiances. Juste qu'il n'en reste pas beaucoup. Par exemple, au moment du passage central au synthé de "A Cosmic Funeral of Memories", on peut s'attendre à une évolution du morceau vers autre chose. C'est le premier titre et on est encore en droit de rêver. Hé ben non, deux piou piou et ça repart dans le matraquage virtuel de caisse claire avec rembobinage du morceau au début. Il reste bien le chant clair caractéristique de la fin et une dernière minute qui essaie de poser une ambiance, mais ça ne fait pas lourd. Et bien ce premier titre est, hélas, assez représentatif de l'album.

Si je passe sur les bourrinages ennuyeux que sont "Unleashed from Hell", "Infernal Phantom Kingdom" ou le très moyen "A Void of Lifeless Dreams", si je passe également sur le mid tempo "Grace by Torments" (ils se sont pas foulés sur celui-ci et dès le troisième titre), il reste une seconde partie d'album plus tempéré et un peu plus à mon goût. A partir du riff d'intro de "Legacy of Evil" (qui sonne assez Ihsahn), je trouve un peu plus mon compte jusqu'à "Twilight Omen". Bon, ça reste de la bastonnade, mais c'est un peu plus mélodique au moins. Et ça fait soupirer en pensant à ce qu'aurait pu être cet album.

L'envolée de piano de "Legacy of Evil" met en évidence l'absence criante de leads dans le reste des titres. La chorale à la Aborym au début de "Lycanthropic Tales" fait regretter l'absence généralisée de samples et autres éléments d'ambiance. Dans ce morceau bien meilleur, le synthé ose enfin se démarquer des guitares, la rythmique se calme pour essayer de faire monter la mayonnaise. De même dans "Seven Doors of Death" où le clavier au son trop vieillot prend les devants, où le petit solo tout con ajoute beaucoup à l'atmosphère, et où dans la partie finale Limbonic Art ose une rythmique moins rentre-dedans mais tellement plus accrocheuse. Et il est dommage que l'album se termine par "Unleashed from Hell", car "Twilight Omen" qui le précède est largement meilleur : théâtral avec son intro orchestrée, ses chants clairs et ses parties parlées, avec son gros refrain qui bute. C'est à ce moment-là que je regrette l'ancien Limbonic Art, qui osait le pompeux et le décadent.

Mais depuis la toute fin des années 90 le combo ne semble avoir qu'un but en tête : montrer qu'il en a dans le pantalon, comme ses copains, en reniant sa personnalité pour tabasser à outrance. Si je veux me faire exploser la gueule par un groupe norvégien, je sais sur quelle épaule aller frapper. Mais je ne me tournerai certainement pas vers un duo qui s'acharne à utiliser une BAR synthétique et un Bontempi antédiluvien. Ils peuvent faire tellement mieux, même si ce n'est plus à la mode. Sans mettre sur le marché un album nul, Limbonic Art montre (encore une fois) ses limites. Cette reformation n'est pas mauvaise en soi, mais elle reprend là où le duo s'était arrêté, avec la même production et le même postulat de départ. Et je ne trouvais pas les derniers faramineux. Sans la mention "Limbonic Art", "Legacy of Evil" ne ferait probablement pas parler de lui dans la presse. "I have returned from the Death". Ben encore une fois, hein…




Rédigé par : Prince de Lu | 10/20 | Nb de lectures : 12451