LIK - Må Lauset Aldrig Nå Oss Mer (W.I.C. Productions/Adipocere) - 13/08/2004 @ 16h22
Il ne suffit pas d'être un oiseau rare pour voler d'aplomb. Dans le cas de Lik, artefact d'un très jeune broyeur de noir norvégien, le mariage presque anachronique du black metal archi-conservateur et du chant déclamatoire a encore les ailes un peu courtes. Mais ce n'est pas faute d'essayer. Rarement une entame aura été aussi trompeuse sur la teneur générale d'un album. En effet, à se fier aux premières mesures de “Pest och Pina”, il ne viendrait pas à l'idée que l'on s'élance à l'assaut d'autre chose qu'un énième pan de black metal grimaçant à la saveur des pins. Ca saute tellement aux yeux qu'on y parierait sa bite – sans se douter un seul instant que, tapi dans un obscur bosquet à deux jets de string, un squadron de pygmées sexophages n'attend qu'un faux pas de ce genre pour mettre le couvert. Les hurlements du dénommé Graar persistent dix secondes, les dix premières; on ne les reverra plus très souvent par la suite. Ce revirement de cap aussi prompt qu'imprévisible n'est que le préambule à une série de choix étranges qui appliquent à cet album un vernis atypique sur une peau blafarde. C'est donc tout d'abord la disparition presque totale du chant black au profit de vocaux “clairs” très indécis entre graves pré-mue et trémolos aux semelles de plomb, moitié mélodiques et moitié pas mélodiques du tout. On a le sentiment que Lik voudrait emboîter le pas au Vintersorg de “Till Fjälls” et greffer le sérieux d'un chant mature sur la fascination contextuelle d'un paysage de cendres à la Burzum. Mais sa tentative a beau être louable, elle se mange la vérité nue en pleine face: Lik est le bonsaï là où Vintersorg est le chêne, Lik est la pustule là où Burzum est le cratère. Traduction: Graar ne sait pas (encore) chanter et il est bien en peine de tirer quelque chose d'expressif de sa guitare écorchée. Alors pour ce qui est d'imposer une atmosphère de paranoïa consistante, on repassera – trop d'à peu près, d'accrochages d'une note à l'autre et, surtout, une inspiration trop peu alimentée pour balayer les redites et exploiter les ébauches de mélodies. En l'état des choses c'est insuffisant, même pour du primitif.
D'autre part, certaines instrumentations sont un véritable point d'interrogation, comme le pénible “Hate to be Human”, qui semble durer une éternité (malgré ses cinq minutes) à snober tout riff un tant soit peu agressif pour tenter d'installer un climat dont la nature m'échappe totalement sur la base de chuchotements, d'un trait de synthé à la “Casper le Petit Fantôme” et d'une sorte de pudding anémié à quatre notes et demi de guitare laborieusement accordée. Enfin, il est urgent de travailler ou de sous-traîter les paroles, gouffre de niaiserie et de lieux communs – un exemple parmi d'autres avec cette strophe éminente tirée, justement, de “Hate to be Human”:
“It has gone so far
that I fear the life
and it's now that I found
pleasure in death”
Merci on avait deviné, ce serait cool d'enfoncer un cric sous le niveau en vue d'une prochaine fois... Les intéressés potentiels scruteront de près la suite des événements, et moi-même je suis impatient (enfin, disons curieux) de voir si Lik s'avérera capable d'étoffer considérablement son matériel, ce qui est une absolue nécessité vue sa faiblesse actuelle, sans compromettre une enveloppe “raw” et une esthétique crépusculaire qui se suffisent à elles-mêmes pour exister.


Rédigé par : Uriel | 07/20 | Nb de lectures : 8668




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