Avec le foisonnement des premiers réseaux sociaux (en premier lieu, le presque défunt MySpace), la première décennie du millénaire aura été marquée par le foisonnement des projets de black minimalistes, true ou ambient. Tous les rebelles de salles de bains mettaient en ligne des morceaux, disposant chez eux de techniques d'enregistrement primitives. Ils espéraient tous se faire signer par les micro-labels qui pullulaient tout autant. Oui, évidemment, quelques perles de l'underground ont pu resplendir au milieu du caca, mais elles étaient bien cachées dans un étron de la taille de la tour Eiffel. Si je parle de tout ça au passé, c'est qu'il me semble que le phénomène s'est quelque peu calmé. Le black minimaliste ou ambient est désormais moins à la mode, les éoliennes s'étant depuis tournées vers l'atmo ou les mélanges impurs dus aux sévices post-aux (pour ceux qui sont restés fidèles au "black").

Vous aurez compris que Lihporcen s'inscrit dans la frange minimaliste, écrin parfait pour ériger son absence de maîtrise musicale en art. Chose plus surprenante, le label concerné est Unlight Productions, une sous-branche de notre Drakkar national. Si je suis peu surpris que Drakkar n'ait pas souillé son catalogue avec cette signature, il est étonnant de voir Lihporcen rejoindre l’écurie d'Evohé ou Seide. Sûrement une histoire de bon contact avant une histoire de coup de cœur musical. Mais je vous dois quelques détails avant de poursuivre.

Lihporcen est un one-man band nancéien, probablement monté entre deux éclatages de boutons d’acné. Lihporcen, c'est déjà Necrophil à l'envers. Ça démontre tout de suite le niveau, en plaçant la barre assez haut. A deux lettres près, c'est aussi l'anagramme de porcelaine, mais ce n'est pas le propos. L'album démarre par un sample de manga qui vient se superposer à un chœur liturgique latin. La barre remonte encre un peu. Je remercie les dieux que Illuminate ne soit pas sorti deux ans plus tard, sinon on avait droit à un sample d'un match de la WWE. Et après cette introduction, c'est l'hallali. Flirtant avec l'ambient (parce que c'est pas trop dur à faire) et se vautrant dans des titres minimalistes mal branlés, Lihporcen donne l'illusion pendant... pendant rien, en fait.

Quel bonheur d'écouter un album qui crée autant l'émotion. Malheureusement l'émotion en question est l'ennui, voire le désespoir d'être encore si loin de la fin de l'écoute. Comment ne pas tarir d'éloges devant ses morceaux niveau CE2, écrits sans une once de talent, mal joués et enregistrés à l'arrache? Comment ne pas saliver devant ENCORE un gars qui pense que l'attitude passe avant tout? On devrait obliger tous ces projets solos à assister à un concert de Taake, pour subir une prestation maîtrisée ET rock'n'roll. J'imagine que Lahtia s'en moque de Taake. Depuis l'enregistrement de Illuminate, il a dû virer sa cuti vers le doom occulte ou vers le post-rock. S'il ne l'a pas fait, il devrait. Siouplait, pars donc chez mes collègues.

Vous me trouvez dur, mais vous n'aurez pas de réduction pour l'acquisition de Illuminate sur votre distro préférée. Dix euros chez Drakkar pour ce black (je cite le webshop) raw & "irregular". Dix euros le CD mal composé en dix minutes, mal enregistré avec deux bouts de ficelle et disposant du layout minimal. De la merde vendue à prix fort, mais ce n'est pas de la merde puisque c'est de l'art ma bonne dame. Comme dans la consommation courante. Ben moi, ça m'énerve ce genre de choses. Dans le même créneau, achetez plutôt le Void de Craft, vous en aurez pour votre argent.


Rédigé par : Prince de Lu | 03/20 | Nb de lectures : 12893