Tiens, un machin de chez Lifeforce, ça fleure bon le deathcore lourdaud ou le metal tout moche. Bizarre, la plaquette parle de Mastodon, King Crimson et Today Is The Day. Un side-project d'Intronaut ? Après une petite recherche, il s’avère que ce trio vient d’Atlanta, s’est formé en 2002 et que ce ‘Snake Wine’ constitue sa seconde œuvre après un ‘Cascades’ sorti en 2004 chez Vert Records, le label du batteur. Complètement inconnu au bataillon, cet album constitue le parfait mystère. Ou traquenard, oui aussi.

Bon, que dire après plus d’un mois d’écoutes multiples. Tout d’abord, j’en ai chié comme pas possible pour me lancer dans cette chronique. Non pas que l’album soit mauvais ou que le style me rebute, mais tout simplement parce que je ne voyais pas comment démarrer. Alors, on la joue classique, catenaccio pour les fans de foot, turtle pour les fans de stratégie, bref, on insiste sur les valeurs sûres. Tout d’abord, le style. Pour une fois qu’une plaquette n’est pas trop à côté de la plaque ni trop enflammée: on sent effectivement une patte Mastodonienne, associée à un côté progressif très Toolien (ou Isisien, soyons fou), le tout sonnant même légèrement stoner, dans une veine plutôt Baroness. Au niveau technique, pas de défaut majeur. Le chant principal du gratteux Searle rappelle donc celui de MJ Keenan, mais aussi de Jonah Jenkins par son côté tant mélodique que puissant. Ceci dit, le chant secondaire assuré par Chvasta le bassiste assure aussi, plus rauque et abrasif, apportant une fraîcheur bienvenue. La section rythmique tient parfaitement la barraque, avec un batteur qui n’en fait pas des tonnes et un bassiste au niveau assez impressionnant, qui se positionne pour les palmarès de fin d’année. La production étant assurée par Matt Washburn, le gars derrière le son de Mastodon et de Norma Jean, vous imaginez bien qu’elle est irréprochable.

Ensuite, la qualité de composition est tout simplement étonnante. Le titre introductif ‘Prana’ met tout de suite les points sur les i et les barres sur les t: gros break d’entrée, cavalcade sur les fûts, guitare aérienne et gros chant braillé. Ouch! ‘Shower Me With Your Love’ pourrait figurer sans peine sur un des derniers albums de Converge, avec son côté chaotique et crade (bon, les Sarkozystes qui n’aiment pas Converge ne verront pas cela comme une qualité, mais tant pis pour eux), ‘Dive’ vient directement jouer sur les plates-bandes de Tool et de Isis réunis, le batteur se lâche complètement, martyrise ses fûts, cross-sticke à donf, on n’entend quasiment plus que lui, ‘Phlebitis’ enfonce le clou à coups de marteau-piqueur dans le même trou...‘Selfless’ constitue le meilleur titre de l’album, mélangeant toutes les sauces précédentes pour nous concocter une petite merveille de titre Toolien. Nan, y a pas à dire, y a du niveau, pour peu que vous soyez sensible aux mélanges de genres, aux morceaux passant d’une ambiance à l’autre comme Shaka de blondasse en blondasse, vous allez en prendre plein les esgourdes.

Bon, maintenant, abordons le rayon ‘Défauts’. Oui, car il y en a quelques-uns tout de même. Le principal reste cette sensation tenace d’écouter un medley de tous les groupes de metal à succès des 15 dernières années: vous reprenez la liste de noms depuis le début de la chro, vous verrez malheureusement ce que je veux dire. Light Pupil Dilate aurait débarqué en 1995, on n’aurait peut-être jamais entendu parler de Tool ou de Mastodon! Pas de bol pour eux, ils arrivent après la bataille et les fans intégristes de ces groupes ne leur accorderont pas le mérite ni la reconnaissance qu’ils méritent sûrement. Ensuite, la longueur des morceaux rend les écoutes répétées du disque assez rébarbatives, malgré la qualité générale de l’album. J’imagine carrément Vision Of Beuh s’ouvrir les veines avant la fin du premier morceau comme un vulgaire emokid, attendant vainement une mosh-part pour s’entraîner devant sa glace. Enfin, je me suis endormi dans le train en écoutant ‘Snake Wine’ et j’ai failli rater ma destination, si ça c’est pas un défaut! Oui, je sais, je tacle au niveau de la carotide, après, je vous avais prévenu de mon style italien !

Impossible de résumer une œuvre pareille: il y a à boire, à manger, à sniffer et même à baiser sur cet album! Selon que vous soyez réceptifs aux spectres musicaux larges et aux ambiances variées, que des albums de Keelhaul, Tool, Isis, Converge ou Mastodon tournent sur vos platines, vous devriez apprécier ‘Snake Wine’. Après, je ne garantis pas que cela soit un achat rentable sur la durée, je n’arrive personnellement plus à me le repasser, même dans le métro. Light Pupil Dilate frappe assez fort d’entrée, seulement il vous met KO un peu trop tôt dans la partie. Impressionnant, à surveiller de près !


Rédigé par : Candiria-Thon | 14/20 | Nb de lectures : 10275