Si jamais VS décerne un jour un prix de la ténacité à un groupe méritant, ayant courageusement fait front devant toutes les embûches dont un esprit maléfique aura parsemé son histoire, il y a des chances pour que LIGHTNING, dont la carrière n’a décidément rien à voir avec son patronyme, sorte grand gagnant du tirage. Ce groupe espagnol, pionnier du death metal là-bas, a en effet été fondé en 1990 mais n’a enregistré jusqu’à 1996 que trois démos, dont une (la deuxième) n’est jamais sortie à cause du braquage de leur studio de répétitions. Il faudra attendre 1999 pour voir apparaître le premier MCD, et fin 2006 pour que « Filthy Human Beings », leur premier album en seize ans d’existence, voit le jour grâce aux bon soins de m’sieur Dave Rotten (AVULSED) et de son label Xtreem Music. Et je vous passe les changements de line-up !!! Sachez juste que Carlos Enriquez, grogneur de LIGHTNING entre 1992 et 1999 est revenu en 2005 pour l’enregistrement du disque.

N’y allons pas par quatre chemins, cet album ne restera pas dans les annales du death. Les années pendant lesquelles les espagnols regardaient leurs collègues sortir des disques en rongeant leur frein se ressentent sur les dix morceaux ici présents, qui oscillent entre old school et plans plus modernes (surtout dans les patterns de double) avec quelques incrustations thrash. Au risque d’irriter un peu plus encore ceux que l’évocation de références agace au plus haut point, on ne peut passer sous silence celle de DEATH, particulièrement dans sa période post « Human ». Que ce soit dans les solos, les accords de guitare caractéristiques ou les rythmiques, il n’y a pas un seul morceau dans lequel on ne puisse trouver une note qui évoque les compos de Schuldiner. Tant et si bien que l’influence confine parfois à la pompe pure et simple, comme sur « Dreadful Heavenly Body », qui est peut-être la plus fournie de ce point de vue (d'ailleurs, saurez-vous reconnaître les bouts de chansons de DEATH qui s'y cachent?). Heureusement, LIGHTNING ne se limite pas à cela, et son death mélodique un poil rétro n’est finalement pas si inutile que cela. Les chansons sont bien construites, les parties mélodiques bien amenées, quelques plans de basse techniques à la CANNIBAL CORPSE judicieusement distillés (« Predatory Gaze », « Bowed To The Stream »), et si on fait exception du chant sans âme, « Filthy Human Beings » se laisse plutôt bien écouter.

Reste qu’aussi sympathique qu’il soit en raison de son abnégation et des souvenirs qu’il fait ressurgir en nous (d’ailleurs, ce soir ce sera soirée DEATH ! Evil… Dead. EVIIIIIL… Dead !), LIGHTNING donne l’impression de manquer d’assurance dès qu’il entame les parties mélodiques, comme s’il se retenait de jouer de peur de déranger ses auditeurs dans leur quart d’heure nostalgie. Il en ressort que l’album, qui n’avançait déjà pas sur un rythme supersonique, souffre parfois de longueurs, juste assez pour donner envie de le sortir de la platine et mettre un petit « Individual Thought Patterns » à la place.


Rédigé par : Dungorpat | 12/20 | Nb de lectures : 10031