Il existe deux types de personnes.
Celles qui apprécient le Grind/Jazz/Swing, et les autres.
Dommage pour les Scrawl, je fais globalement partie de la seconde catégorie.

Cependant... J’ai été globalement agréablement surpris par ces snageurs. Sentiment à relativiser, étant donné que mon jugement de base (fondé sur leurs précédents méfaits) est plutôt négatif. Mais un relatif plaisir auditif est néanmoins présent pour ma part.

Si leur idée musicale est novatrice, et originale, le résultat est quand même décevant. Car bien trop segmenté et inconstant.
L’alliance de Grind et d’instruments comme l’accordéon ou la trompette, séduisante dans l’absolue, nécessite d’être relativement maîtrisée pour ne pas sombrer dans le ridicule. Mais, sans être vraiment mauvais, les Allemands de Scrawl se vautrent dans la facilité et l’inutile.

Plus que du Ska, en réalité les Scrawl agrémentent leur Grind pseudo core de passages acoustiques plutôt orientés Jazz ou Swing. Innovation stylistique ou pseudo-avant-gardisme pompeux ? Je n’en sais strictement rien, et sincèrement, je m’en contrebalance. Je préfère me focaliser sur le résultat musical. Et, outre le côté anachronique, comme je le disais le résultat est mitigé. Intéressant, mais mitigé.

Le gros point positif à mon sens concerne la basse : car l’instrument à 5 cordes est véritablement au centre de l’expérimentation musicale. Pas fondamentalement innovante, mais bien présente, elle colore vraiment les 20 titres de 'Snowblind'. Paradoxal, pour un album orienté Grind, n’est-ce pas ?
Mais, en fait de Grind, en réalité je dirais plutôt que les Scrawl jouent un Ska/Jazz/Swing orné de passages Grind. Et c’est là que réside la subtilité potentiellement répulsive : ce n’est pas la violence qui prédomine ici, mais plutôt les instants acoustiques ou Jazzy.

Certains morceaux sont plutôt réussis, à l’image de ‘K2’, ‘Driftwood’, ‘Bombshell’ ou ‘Lost’. Principalement, en fait, les morceaux ‘calmes’, faisant la part belle à la basse, au saxo et au clavier, et simplement agrémentés des vocaux bourrus et caverneux du soprano de service.
Mais les morceaux à dominante ‘brutale’, et donc le plus à même de jouer dans la cour Grind, sont aussi les plus mauvais. Éculés et clichés, ils n’apportent malheureusement pas grand-chose... Et hormis exception, comme 'Numb', ils s’avèrent gâchés par une guitare à côté de la plaque, tant niveau son que riffs.

Plutôt que d’essayer d’enrichir ou de faire évoluer leur Grind orienté Core, avec des instruments peu habituels tels que saxo, le quintet a découpé ses morceaux pour alterner parties purement Grind et passages purement acoustiques. Marrant, original, mais, à l’image d’un Ahumado Granujo (dans un tout autre délire), l’absence totale de cohésion et de fluidité entre ces passages nuit terriblement à la pertinence musicale.

Sans compter qu’avec 13 titres pour moins de 22 minutes, et donc des titres assez courts, on ressort frustré de l’écoute de 'Snowblind'.
Et pourtant, je ne peux nier avoir cédé à un certain charme, véhiculé par l’originalité et la fraîcheur dégagée par le groupe.
Mais quel dommage de n’avoir pas su, pu ou voulu homogénéiser tout ça. Car au milieu de quelques idées plaisantes et attractives, ce gloubi-boulga sonore s’avère finalement peu excitant et surtout peu digeste...


Rédigé par : ..::Ju::.. | 07/20 | Nb de lectures : 12347