J'avais vaguement entendu parler de LETZTE INSTANZ mais je ne m'étais jamais vraiment penché sur leur cas, et c'est en lisant leur bio que j'apprends que le groupe a splitté en 2003 suite au départ de trois membres. Ce "Ins Licht", cinquième album pour LETZTE INSTANZ, fait donc office de résurrection pour le groupe après 3 ans de silence et après l'intégration de sang neuf au line-up

Première constatation, le nom du groupe ne trompe pas: LETZTE INSTANZ est bel et bien un groupe allemand. Et quand on parle Allemagne et metal, un nom revient assez souvent: RAMMSTEIN! Faire le parallèle entre les deux formations est donc certes facile mais non dénué d'intérêt. En effet, LETZTE INSTANZ a de RAMMSTEIN (d'allemand devrais-je dire) la rigueur et le côté martial des rythmiques et des riffs de guitares sur les passages les plus pêchus. Pour continuer mon parallèle, le groupe utilise également de nombreux loops et autres sons électros dans ses titres, et Holly, chanteur de son état, utilise la même manière de chanter que Till, à savoir des paroles narrées ou chantées toujours dans la langue de Nietzsche.

Là où se marque la différence entre les deux formations, c'est que "Ins Licht" fait dans le folk rock/metal, comprendre ici le metal à grand renfort de sonorités typiques ("Traumschwere"), appuyées par l'injection massive de passages au violon et violoncelle, ces deux instruments étant tenus par deux membres du groupe. On a donc ici entre les mains un album d'une fluidité appréciable ou chaque titre pourrait faire aisément partie de la playlist d'une radio nationale rock allemande (d'ailleurs l'album marche très bien là-bas aux dernières nouvelles). Mais sans non plus tomber tout le temps dans le gentillet, le groupe assène quelques morceaux bien emmenés comme "Sonne", "Unerreicht", "Ohne Dich" ou encore "Tanz" et c'est comme une lettre à la poste que se déroulent les 50 minutes de l'album. Alternant de jolies ballades à des morceaux mid tempos plus ou moins puissants, l'ensemble possède une cohésion démontrant les qualités d'écriture du combo.

Là où le groupe a moins de chance, c'est que l'adoucissement de RAMMSTEIN dernièrement sur "Reise, Reise" et "Rosenrot" marche irrémédiablement sur les plate-bandes de "Ins Licht". Certes la bande de Till Lindeman est bien plus puissante au final et la voix rauque du frontman des superstars germaniques n'est pas du goût de tous.
Il est vrai aussi que LETZTE INSTANZ a un style musical malgré tout assez marqué, une identité propre notamment par l'utilisation récurrente des violons et une intelligence dans la manière de composer remarquable (exception pour "Das Stimmlein" qui, avec ses choeurs lourdingues, ferait une super bande-son pour un banquet paillard) .
Mais malgré tout cela, je vois mal comment LETZTE INSTANZ pourrait faire son trou dans nos contrées avec "Ins Licht". L'album n'est pas mauvais mais n'a pas non plus le potentiel qui lui permettrait de sortir de ses frontières (qui n'existent plus d'ailleurs!). On a souvent l'impression d'écouter un bon album de "variété metal" comme en pondent actuellement bon nombre de groupes aux quatre coins du monde. Ce n'est pas mauvais en soi, mais ça ne laissera pas non plus un souvenir indélébile dans les mémoires musicales des plus férus d'entre nous.

Si vous appréciez les mélodies pop efficaces, les ambiances travaillées à grand renforts de violons, que le chant en allemand n'est pas une barrière pour vous et que vous ne recherchez pas spécialement le gros riff bien gras, jetez une oreille à "Ins Licht". Un album agréable à défaut de mieux....


Rédigé par : Foofur | 11,5/20 | Nb de lectures : 13155