Vous avez sans doute tous déjà vu ces images du carnaval de Venise où l'on voit des gens porter des masques au long bec ainsi qu'une longue tunique. Ce costume était en fait celui des médecins qui rendaient visite aux personnes atteintes de la peste. Le long bec contentait des épices et des herbes, maigre rempart contre les odeurs nauséabondes que dégageaient les pestiférés. Les alabres, tout au moins en Provence les appelait-on comme ça, étaient ceux qui ramassaient et enterraient les cadavres (parce que bon, parler de médecin à leur sujet serait sans doute un peu trop flatteur). C'est de là que vient le nom de ce jeune groupe français qui pratique un style encore assez peu répandu en France et toujours à la recherche de son chef de file, à savoir le folk metal.

En dehors des signatures de chez Holy Records, HANTAOMA et STILLE VOLK, on ne peut pas dire que la scène française soit très développée dans ce domaine. L'occasion de peut-être faire une belle découverte est donc trop belle pour laisser passer. Il ne faut de toute façon pas longtemps pour se rendre compte que LES ALABRES est un projet ambitieux mais qui semble vraiment en mesure de se donner les moyens de réussir.

Pratiquant une musique qui rappellera tour à tour, IN EXTREMO, FINNTROLL, KORPIKLAANI mais également MALICORNE et TRI YANN, le groupe qui n'existe que depuis 2005 et dont "la peste" est la première démo, déjà sortie depuis un bon moment, fait déjà preuve d'une maturité assez convaincante. La musique, composée pour moitié de morceaux traditionnels datant du Moyen Age, est variée alternant tour à tour ambiance festive et atmosphère plus intimiste. La variation se retrouve également au niveau du chant qui se partage entre un chant guttural pas totalement convaincant et un chant clair beaucoup plus intéressant. Les grosses rythmiques purement metal sont adroitement mêlées ou alternées avec des parties typées folk où l'accordéon, la flûte (le galoubet, pour être précis) ou encore la cornemuse occupent le devant de la scène avec brio. Les paroles sont pour la plupart, elles aussi tirées de textes des XVème et XVIème siècle. La grande réussite du groupe réside dans ses arrangements, sa faculté à accommoder ses titres avec du metal, chose pas acquise d'avance, vu le fossé qui peut séparer les deux styles.

En dehors de cela, cette démo souffre tout de même de quelques défauts, un son un peu approximatif dans les parties les plus brutales, un chant guttural pas vraiment au top mais rien de totalement prohibitif qui n'empêche de profiter de cette démo et de ce groupe dont on espère entendre rapidement parler à nouveau.


Rédigé par : Sheb | 3,75/5 | Nb de lectures : 10522