Ah, ça faisait longtemps que Christhunt n'était point venu m'enchanter les oreilles d'un groupe allemand de son crû. Ce coup-ci, c'est Legion of Sadism qui s'y colle avec un nouvel album "sobrement" intitulé "The Great World of Satan". Malgré ce quatrième album au compteur en une quinzaine d'années d'existence, j'étais passé à côté de ce quintet composé entre autres de deux membres de Dies Ater et Cryogenic.

Une fois passée l'intro en boche, c'est parti pour le plongeon dans le grand bain. Avec un nom pareil, vous vous attendez à une débauche de haine et de brutalité. En fait, non c'est plus mélodique et moins catégorisable que cela en a l'air. LoS manipule un fatras de riffs dont l'origine échappe aux archéologues les plus pointus. Des influences très thrash et du "In the Nightside..." de qui vous savez sont relativement claires, de part les calcades de guiteres et les nappes de synthé. Mais LoS ne dénigre pas un passage à l'orgue très goth (trop fort) dont même Cradle ne voudrait plus par-là, un chouia d'un riff de Impaled Nazarene pour donner un côté punk bordélique, une tentative de riff plombé et puissant dans un coin, une petite louchette d'un riff viking par-ci, et j'en passe. Slayer doit même rougir d'être plagié à ce point sur l'intro de "Wir warten nur bis die Gewalt losbricht". L'ensemble est assez incohérent et relativement affreux, comme si le groupe avait assemblé son puzzle à la colle et au marteau sans se préoccuper de la position des pièces. Les riffs s'enchaînent sans jamais former un morceau, sans proposer un quelconque passage personnel ou intéressant. L'auditeur est ballotté d'un accord à un blast sans trop comprendre et sans espoir de se souvenir de la moindre note. Le vide astral. A ce point, c'est de l'art...

Côté production, le son des guitares est au second plan. La batterie sonne très sec, avec des poc poc timides pour les grosses caisses, des tac tac peu puissants pour la caisse claire et des pchii pour l'ensemble des cymbales. Du coup, ces pauvres instruments se font noyer dès que le clavier appuie sur la moindre touche (car il a trouvé la touche de volume, lui). C'est assez perturbant par moments. A l'écoute de "Black Metal Sturmangriff" et de ses petites notes fortement égrenées à la première minute du titre, je vais constamment ouvrir ma porte d'entrée, confondant le bruit disgracieux du clavier avec le carillon de mon manoir. Les pouet-pouet futuristes de "Total H8" sont assez caustiques aussi. Soyons positifs, le synthé se déchire à faire plein de sonorités (à mi-temps, faut pas déconner) et ça occupe l'auditeur. Pour compléter, le vocaliste surnage au-dessus de l'ensemble, poussant ses textes en allemand de manière assez insipide. Le pauvre parait bien seul dans un mixage qui ne met pas en valeur grand chose.

Difficile de se sentir concerné par cet album. La production plus ratée que raw ne vient pas à elle-seule ruiner les titres. Non, c'est un ensemble, un immense gâchis très mal orchestré. Malgré la bonne volonté évidente du groupe, il faut se résigner et reconnaître que "The Great World of Satan" est tout simplement mauvais. C'est un peu triste, comme une chose inévitable dont on sait à l'avance qu'elle va nous chagriner. Mais c'est comme ça. Ce sont les groupes comme Legion of Sadism qui permettent de mettre en valeur les bons albums. Merci à eux, rien que pour ça...


Rédigé par : Prince de Lu | 06/20 | Nb de lectures : 13613